Hier soir , j'ai regardé une version de De l'autre côté du Miroir - j'avais imaginé , en voyant la présentation , que c'était un autre film de Tim Burton , dont j'avais adoré l'Alice au Pays des Merveilles . Visuellement , les personnages étaient les mêmes . Mais le réalisateur était quelqu'un d'autre . Ceci dit , j'ai bien aimé , même si le film avait des longueurs ... En tout cas , ça m'a fait souvenir que je voulais vous parler d'une autre Alice , mon deuxième enthousiasme absolu du moment- après Séraphine .
Alice Munroe est une auteur canadienne ; née en 1931 , morte récemment . J'avais pris à une vente de charité cet été " Les Lunes de Jupiter " - à cause du titre dont j'adorais la poésie . Puis , la quatrième de couverture annonçait qu'elle avait eu le Nobel de littérature , et ça m'avait rendue curieuse .
Et je n'ai commencé à lire le bouquin qu'il y a un mois environ . Mes enfants , quelle belle surprise ! Cette femme a vécu les années soixante-dix , a vécu l'Amérique profonde , a vécu les années hippies , a vécu une certaine forme de catholicisme étriqué au Canada , a vécu la condition des femmes , sa génération , celle d'avant , celle d'après , a vécu la maternité et le fait d'être fille .. et de tout ça , elle parle splendidement dans ses nouvelles . Un style qui semble à première vue seulement simple et efficace , mais en plus , sensible , marrante , raffinée , et parsemé de ces petites allusions , légères comme des petits graviers , que je ne comprends quelquefois qu'un paragraphe plus loin , et qui me font alors glousser d'aise ... J'ai dévoré une deuxième bouquin d'elle , vu ensuite que certains critiques la comparent à Tchekhov , " Il y a du Tchekhov sous la plume de la canadienne " , je crois que c'était les mots de l'article - comme si Tchekhov était la seule référence en matière de nouvelles . Masculine , la référence , comme par hasard . J'ai plutôt pensé à Katherine Mansfield - qui n'est pas , et ne sera jamais , un auteur démodé . En tout cas : un vrai régal .
Là , je suis en train de terminer " l'amour d'une honnête femme " , troisième volume que j'ai pu me procurer d'urgence en passant à Paris - paru en 1998 , je crois . Je le termine sans hésitation ni angoisse , car un quatrième et un cinquième m'attendent encore avec impatience - quand est chez Gibert , faut pas hésiter ! même si leurs prix pour les livres d'occasion ne sont pas donnés ... Mais ça valait le coup !
Et tout en cheminant sur les chemins de cette Alice qui a pourtant bien les pieds sur terre , en découvrant les tours et détours de ses héroïnes et de ses héros - tours et détours sentimentaux , sociaux , dramatiques ou drolatiques et parfois " tragiques " - vous savez ce que je trouve , en réalité ? Une incroyable , une fabuleuse , une merveilleuse source de légèreté ...