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Hier , la beauté éclatante de l'amandier en fleurs ... Philippe estimait qu'il fallait " tailler les gourmands " . C'est à dire , supprimer des branches jeunes qui partaient à la verticale , d'un jet , depuis les branches plus vieilles . Je n'étais pas trop d'accord avec lui ( dans quelle mesure son choix est-il psychologique , d'ailleurs ? et le mien ? ) mais , comme je n'avais pas envie de me disputer , et comme il est plutôt fatigué en ce moment , j'ai donné mon agrément , pensant qu'il ferait ça dans quelques mois . Puis , je suis partie - faire quelques courses , d'une part ; et porter des bouquins à la voisine que j'ai totalement négligée ce week-end ,d 'autre part .
En rentrant , deux heures plus tard , j'ai trouvé au sol une véritable hécatombe - un tas énorme , les grosses branches d'amandiers , deux ou trois mètres de long , grosses comme mon poignet , couvertes de fleurs blanches ... gisant à terre ... j'en étais malade ; et j'ai encore le cœur douloureux en y pensant . Je n'ai rien dit- à quoi bon ? c'était un peu tard . Et Philippe a le sentiment profond , en taillant cet amandier , de faire des choses positives pour l'arbre . C'est vrai qu'il aurait fallu le tailler plus tôt ... mais il pleuvait , il faisait froid , on pensait que l'hiver durerait toujours ... J'ai coupé , dans les branches coupées , quelques extrémités , pour mettre dans un vase , à l 'intérieur de la maison . Comme un souvenir .
Ce matin , le croissant de lune au réveil - tout fin , tout délicat , et pourtant acéré et volontaire et présent ... le soleil n'est pas encore levé , le dessous des nuages est comme léché par une langue rose ... le dessus est gris et moelleux . Ca ne dure pas , ça ne dure pas ... Pour la lune , mon cœur n'en est pas brisé - l'aube revient chaque matin ; toujours différente , toujours parfaite . Mais pour l'amandier , ah !
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