Je viens de passer une bonne heure à faire du nettoyage de haie ,boudinée  ficelée dans un ciré qui prend l'eau de partout ( c'était un cadeau Damart , et je le garde à cause de la couleur bleu céleste ) , avec la pluie qui  dégoulinait sur les jambes de mon jeans et dans mon cou ;  j'ai du arrêter tant j'étais trempée ... mais ça fait du bien à la haie , et moi ça me fait du bien au corps et à l'âme . Enfin je crois , parce que j'ai quand même ruminé sans cesse , tout en nettoyant , et  me demandant si le fait que Phil s'obstine à vouloir mettre du désherbant en douce - ce qui me rend folle de colère , parce que moi j'essaie de faire un jardin bio alors ça n'est pas la peine de donner du fric aux fabricants de produits chimiques et de polluer l'air et l'eau et les autres plantes - donc , en me demandant si c'était un motif de divorce suffisant : " mon compagnon utilise du désherbant ". Et voilà qu'il s'est mis à me parler d'un produit extraordinaire qu'on vaporise sur les feuilles des ronces , et que la ronce se déssèche et meurt ... je trouve ce genre de procédé abominable . Mais mon copropriétaire  ne supporte pas les ronces , ah ben voui ça pique et ça fait désordre . Si bien que j'ai dit que j'allais profiter d'un jour de pluie pour les arracher moi-même ,et c'est aujourd'hui  ... j'en ai profité aussi pour enlever les petits  lauriers-sauce malades qui prolifèrent dans cette haie d'ifs , haie que les anciens propriétaires avaient voulu du genre mur de béton végétal bien rectiligne bien épais bien taillé au cordeau , mur que j'espère  transformer petit à petit en haie vive et variée ... j'ai été aidée par le coût de la taille , la première année on a du demander à une entreprise de la tailler , et c'était vraiment très cher ; donc Phil a décidé de commencer à la retaper lui-même , élaguant - ça devait lui passer les nerfs pendant que je n'étais pas là cet hiver , et aussi pendant que j'étais là et pas à prendre avec des pincettes - et arrachant ceux des ifs qui étaient morts ; c'est tant mieux , car je me suis aperçue déjà qu'il y avait plein de clématites sauvages qui y avaient poussé , j'ai réussi à convaincre  de la nécessité de les garder , parce qu'elles fleurissent joli et que leurs akènes restent décoratives en été . J'ai eu aussi la joie de trouver deux sureaux , des lauriers-tins , de la salsepareille bien sur ... et d' autres arbustes de garrigue   que je ne connais pas . Et tout en nettoyant , j'ai arraché quelques ronces , mais je me disais que ça dégarnit aussi , après tout les ronces ça fait des fleurs roses plaisantes , ensuite les mures sont appréciées par les petits oiseaux ...est-ce que j'arriverai à en garder ? donc , je me suis contentée de tailler les autres , sans les arracher ... il faut dire que mes gants de jardin étaient trempés aussi , ça ne facilite pas la tâche .
    C'est dingue , parce que c'est deux façons de penser qui s'affrontent , emmagasinées très tôt dans son inconscient et le mien - ville contre campagne ,  un  parisien de la rue du  Cherche-Midi , dont le jardin d'enfance était le jardin du Luxembourg ,  une fille qui a toujours considéré la nature méditerranéenne sauvage comme ressource et refuge ... deux concepts différents , Seigneur je déteste ce mot depuis qu'il a été annexé par des agents immobiliers en mal de reconnaissance intellectuelle . Et alors , on est censé partager le même jardin ...  je ne peux plus faire de salade de mâche sauvage et de pissenlits , on a passé la tondeuse ... 
        Et en plus , depuis ma dernière séance chez le dentiste , il y a quinze jours , j'ai mal aux dents , mal aux dents ,  mais alors mal aux dents , chaque fois que je mange ou bois chaud ... et ça ne m'incite pas à la bonne humeur ...