On a profité de notre aller-retour à Marseille Vendredi pour aller voir l'expo : Van Gogh et Monticelli . Elizabeth nous avait dit qu'il n'y avait pas trop de monde ...  je dois infirmer ( et non confirmer ... ) : il y avait du monde , même beaucoup , beaucoup de monde , du monde qui venait de passer sous la pluie , ça donnait une atmosphère ... comment dire ? chaleureuse ? un peu étouffante ?allons jusqu'à oppressante  ... ceci dit , c'était bien . L'expo , je veux dire . Monticelli m'intéressait presque plus que le pauvre Vincent , dont je connais mieux les tableaux . J'avais pris l'audioguide , vraiment une honte la façon dont il délaient en dévidant des évidences dans ces trucs , on nous dit que sur l'autoportrait de Monticelli il s'est représenté de profil , tiens je ne m'en serais jamais douté  , on nous décrit les couleurs du tableau y'a du bleu ben ouais je le vois bien qu'ya du bleu , y'a du jaune voui ... et puis Mr Machin qu'est conservateur de je ne sais quel musée nous fait partager ses passionnants états d'âme en regardant tel tableau ... quel intérêt ? enfin , tout de même , j'ai grapillé une ou deux informations inédites ( que je vais vous retranscrire de mémoire , pas forcément tout à fait fidèle ...  )  Monticelli , Marseillais d'origine , avait une trentaine d'années de plus que Van Gogh , lequel ne l'a jamais rencontré ,  parce que M. est mort juste avant que Vincent n'arrive à Arles ,  mais l'admirait beaucoup ; c'est même inspiré par lui que Vincent a atterri à Arles ( j'ai lu il y a des années les lettres de Van Gogh avec vénération , mais j'avais oublié ça )
           Dans l'entrée de l'expo il y a deux très grands portraits photographiques : Monticelli  offre un visage rondouillard et sympathique , des yeux un peu globuleux au beau regard vague ( d'alcoolique ? ) ; à côté de lui ,  le visage plein d'aspérités du tout jeune Van Gogh   affiche cette détermination obstinée , ces traits énergiques et  volontaires qui font l'étoffe des fanatiques . Faut dire que son éducation religieuse hollandaise n'était pas piquée des hannetons ... Les tableaux de Vincent , vous les connaissez par coeur  , je vais pas commenter ; il y a les couleurs , bien sur , de la période arlésienne : ces jaunes verdâtres , ces verts jaunâtres ou verts Véronèse ,  très clairs et lumineux ,  ces bleus qui vibrent ; heureusement qu'il s'est libéré des noirs et des bruns et des gris dès qu'il est arrivé en France  ! et puis cette structure très affirmée , ( c'était un super dessinateur , faut dire qu'il l'a travaillé des années le dessin ) , il n'y a qu'à voir les branches des arbres , affirmées d'un seul jet ,  dans les Vergers ou  les roulottes .  Sauf dans certaines de ses dernières dernières peintures , juste avant son suicide ,où la structure va tout de traviole , s'écroule ou devient pâteuse ...
            Chez Monticelli par contre l'architecture de la toile est moins apparente ou elle se voit par élimination , parce qu'il a ajouté et surajouté et superposé des petites touches et des petites touches et des petites touches  de peinture vraiment très épaisse , et  le dessin en est parfois un peu confus .( oui , Vincent aussi travaillait souvent par petites touches ,mais regardez comme le mouvement global en est apparent , c'est des fois en spirale comme dans ses tableaux nocturnes ou certains autoportraits , des fois des touches paralléles ... ) Les touches de Monticelli sont  foisonnantes dans tous les sens comme les plantes dans un sous-bois , la toile grouille , hypersensible et vibrante  . Je trouve que ça convient particulièrement bien aux paysages , et j'aimerais  connaître l'évolution de sa façon de peindre  ;  quand a-t'il commencé  à faire des tartines incroyables comme ça ... parce que ça va tout à fait à l'envers de l'évolution d'un Cézanne , lequel faisait de l'horrible peinture pâteuse à ses débuts pour finir aérien , rien de trop chez les toiles de la maturité  de Cézanne, juste l'essentiel , l'essentiel de l'atmosphère transparente de la Sainte -Victoire servi par une structure élancée qui danse en géométrie ... Pour revenir à Monticelli ,  les couleurs sont très chaudes , des ocres , des bruns roux , des blancs jaunes crémeux ou dorés . Philippe n'a pas aimé , moi je trouve qu'il a très , très  bien attrapé la lumière de la garrigue , ça me fait penser à des après-midi d'automne ou d'hiver . Il y a aussi deux portraits de femmes   très chouettes , une Arlésienne blafarde et dépressive , et une dame de la bourgeoisie ( la femme d'un consul de je ne sais où ) superbe , la robe est un fouillis d'arabesques et de taches , de près c'est illisible , de loin magnifique ( il faut écraser quelques pieds et donner quelques coups de coude pour la voir de loin )  Par contre ses bouquets de fleurs ne sont vraiment pas trop réussis ; il y en a plusieurs  de Vincent , certains moches et mal dessinés , d'autres ( des chrysanthèmes , ou des soucis ) qui attirent l'oeil et rayonnent incroyablement . Et puis les inévitables couronnes impériales , un bon tableau mais pas un de mes préférés . Bon ! j'espérais acheter quelques cartes postales à la boutique , mais rien d'intéressant ; il y avait un super beau bouquin sur Monticelli , j'attends qu'il se vende à moitié prix dans quelques années !