Ce matin tôt , très tôt ... éveillée par un mal à l'aise à l'âme tout autant que par le Rajounet ronronnant sa gratitude contre mon oreille . Le cadeau envoyé par ma soeur , la puînée cette fois , en était la cause : deux petits savons d'hôtel , savons " d'invité " , spécifiés à moi adressés , au milieu d'un carton destiné au Noël de maman , dont une utilité supplémentaire est d'essayer de culpabiliser les récipiendaires en leur rappelant qu'ils dépensent pour de l'inutile à Noël ; le carton , contient , comme d'habitude , une boite de biscuits estouffegarre , un paquet de café ou peut-être deux , une couverture aux couleurs sombres ,( surement fabriquée par une association d'aide à des enfants orphelins , bien évidemment du Tiers-Monde ... ), et deux petits sapins de Noël en chocolat " pour les auxiliaires de vie " . ( Il faudra que je me souvienne de ne plus rapporter à cette soeur d'écharpe indienne aux couleurs chatoyantes ou de turquoises , comme je l'ai fait quand que je revenais de mes pélerinages indiens ... ça doit lui poser problème , surement ) . Maman a décidé de prendre tout ça avec amour maternel , et s'exclame qu'elle sera heureuse de manger les biscuits , de boire le café ... elle pensera , à chaque fois , à la gentillesse de ma soeur qui a pensé à elle .
Et moi ... je me demandais par quel bout les prendre ces petits savons . Les vieux souvenirs d'enfance où j'étais étouffée dans les méandres des infernales taquineries sororales ne demandaient qu'à ressurgir ,
mais je n'avais pas envie de replonger là dedans . Ce cadeau , ces deux petits savons au basilic sacré - si minuscules soient-ils au milieu de ce paquet de survie , elle a fait l'effort de penser à moi ; peut-être qu'elle pense avec rancune que " c'est bien bon pour Françoise " ; peut-être aussi qu'au sein des malheurs et des dénis et de l'humour compliqué qu'elle accumule , elle commence à me remercier de prendre soin de sa mère , le matériel et le moral , depuis bientôt dix-sept ans , lui évitant la moindre petite charge à ce sujet . Que m'importe ? Ce qui compte , c'est ce que j'en fais . Je décide que c'est gentil de sa part ... Surtout , ne nous emberlificotons pas dans ses méandres à elle ... C'est Dieu lui-même qui m'envoie ces petits savons , Dieu lui-même qui m'a envoyé ma soeur pour m'asticoter ...
Un malaise enfantin me demeurait . Je le ressentais comme une longue et profonde égratignure , de la gorge tout au long de la trachée artère , jusque vers le profond des poumons ... une douleur que je ne commentais pas : j'ai passé maintenant le temps , bien nécessaire à une époque , de commenter .
Je me suis contentée de respirer avec la douleur ... des narines au plus profond du corps . Confortable dans la nuit , étendue de tout mon long sur le matelas acueillant , , dans la chambre tiède , je respire .. inspir , expir ... j'accueille la douleur , je me concentre , je m' ouvre à cette sensation ... Et le OM s'impose à moi . Du sommet du crâne jusqu'à la racine , je respire avec ce OM ... La douleur se transforme , c'est la joie qui envahit ... irrépressible , ravageuse , paisible ... la Joie . Je me souviens alors de la merveilleuse introduction à l'Isha Upanishad , que je découvrais hier soir ( je n'ai pas encore lu toute l'Upanishad , ni recopiée .) Que de mondes s'offrent !
Aum. That unmanifested Brahman is
perfect, and This manifested Brahman is
also perfect. Fullness proceeds from fullness.
Taking fullness from fullness, all that
remains is fullness.
Aum Peace! Peace! Peace!
( Je viens de regarder plusieurs traductions , aucune ne me convient ; je pique ces vers , en anglais , sur un site indien ... essayons .. bien que je ne sois certainement pas qualifiée pour le faire ; puissiez vous voyager avec ces quelques mots , toute cette belle journée ...
Om . Le Manifesté est parfait ; et Le Non-manifesté est également parfait . La plénitude vient de la plénitude . En enlevant la plénitude à la plénitude , tout ce qui reste est plénitude . Om , Paix ! Paix ! Paix ! ...