Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Profil

  • Prune Branchesetbosquets
  • Babyboomer
  • Babyboomer

Rechercher

26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 10:06

 

 

          La journée du Mercredi avait commencé tranquille  ... j'avais dormi en bas , la pièce la plus fraîche ; et vers les six heures , à mon grand étonnement , je m'étais réveillée sans l'aide d'un chat noir enjôleur  ( qui d'ordinaire vient  quémander un câlin  après sa petite virée nocturne ) . J'entendais de drôles de bruits dans l'escalier - chien , chat , une dispute ? - encore à moitié endormie ,    je m'étais  retournée sur l'oreiller et  paressais encore un peu , avec bonheur ,  avant de me lever pour la méditation  dans le petit matin tout frais  ...

             

            Ah , mais le voilà le chat  , il arrive mais il ne ronronne pas - curieux - et  qu'est-ce que c'est que cette sensation de chaleur contre ma hanche ? je pense d'abord au travail des chakras qui donne des sensations de chaleur bizarre , et puis je touche le drap .. horreur , Rajah a pissé sur le lit ... et sur moi par la même occasion .. ce chat devient insupportable !   travail sur les chakras my ass  .... pas contente je suis  ! j'arrache ma chemise de nuit baptisée au pipi de chat , je prends le Rajounet par la peau du cou et lui mets le nez dans le pipi ... Ensuite , le nez pincé ,  je m'agite fébrilement  pour mettre le plus vite possible draps , dessus de lit , chemise de nuit ...  à la machine à laver .

 

            Sept heures moins dix ... , je bataille avec le protège-matelas , je viens de m'apercevoir qu'il avait également été compissé ,  et il adhère comme un damné au matelas dessous ... Drriiiiiiiiiiing ! le téléphone  - mauvais signe , je m'inquiéte tout de suite , à cette heure ci c'est à coup sur  un problème chez maman . Toujours sans chemise de nuit et nue comme  la vérité , je décroche ...  Tiens , non , c'est moins grave que je ne pensais , c'est Ellés , toujours consciencieuse , qui veut me prévenir que maman était très perturbée la veille , à propos de Nordine ... Ellés est  hyper consciencieuse mais excessivement bavarde , et puis elle aime maman à deux cent pour cent ... une employée précieuse , seulement   elle me tient la jambe pendant vingt bonnes minutes ; moi , toujours à poil,  au milieu du pipi de chat et des oreillers défaits , je commence à avoir froid ... mais je considère que c'est mon rôle , en tant qu'employeuse pour ce travail bien particulier , de m'intéresser pour qu'elle continue à bien le faire . Pour ralentir l'intensité de la communication , je commence à visualiser un doux nuage blanc qui s'installe entre nous ... enfin nous nous décrochons l'une de l'autre , et je me promets d'aller voir maman dans la matinée pour essayer de dédramatiser .

 

         Huit heures et demie : je téléphone chez maman , propose à Sylvie , qui la garde ce matin , qu'elles viennent toutes deux  prendre la café chez moi - je me serais bien passé de ça , mais bon ... j'essaie , éternellement , d'arranger les choses . Nous faisons le tour de mon jardin en soutenant maman , qui n'a plus l'air si perturbée que ça d'ailleurs -  je lui cueuille un bouquet or et rouge  : oeillets d'Inde ,  zinnias roses et rouges ,  rudbeckias ; puis nous prenons un ersatz de café en papotant , à l'ombre ... Elles y passeraient bien toute la matinée ... pas moi ,  je les raccompagne doucement mais fermement vers la porte .. et je pars faire les courses . Une récréation ! à Liddle , où j'achète la pâtée d'Hermione , il y a toujours des plantes intéressantes , à prix intéressants , et je m'offre, presque  chaque fois  , une gâterie ... à planter au jardin . La dernière fois ,c'était des angelonias , des grappes ascendantes de petites fleurs aériennes blanches et mauves à l'aspect  délicat , qui , à mon grand étonnement , durent et durent , et supportent plutôt bien la chaleur  agressive de l'après-midi . Je les ai installées à mi-ombre , tout de même  . Aujourd'hui , ce sont des bégonias oranges et rouges flamboyants , que j'installerai à la place des hortensias qui supportent mal leur emplacement actuel  - quelle idée j'avais eu , de me laisser tenter par des hortensias sous le terrible climat de notre Piémont Cévenol ...  Avant Liddle , je passerai acheter des oeufs et du pain à la boutique de Paysan Direct , que je soutiens  ... et chez Kokopelli , c'est tout à côté , voir s'ils ont des graines de chicorée sauvage du bord des routes , que je veux acclimater au jardin .   

 

            Onze heures ... j'arrive à la boutique paysanne ; déjà deux dames sont en train de terminer leurs courses . A la caisse , ça papote encore ... je ne suis pas pressée , j'écoute : l'une dit qu'elle ne mange pas de viande et qu'à cause de ça elle prend des amandes , parce que ça fait des protéines . J'ai une petite idée sur la question , mais c'est toujours bon de s'instruire , on discute végétarisme et protéines ...  je me rends compte que l'une des deux , qui a manifestement besoin de professer , n'en sait pas plus que moi ; moi , qui ai tendance à fermer servilement mon clapet . Faut dire qu'en fin de matinée , j'ai pas une pêche terrible ... Mais , oooooops .. Que se passe-t'il ,  la conversation dérape sur la viande Hallal .. Ouh là , je sens un iceberg qui émerge des flots , un monstrueux rejet de l'étranger qui pointe le bout de son moche petit nez .. mais Nom de Dieu qu'est-ce que je fiche là  avec ces deux bourges qui doivent voter Front National ... Dieu sait que je n'ai pas  particulièrement envie de manger Hallal  ; mais qu'on tue les bestiaux en les assommant d'abord - et quelquefois ça rate , c'est pas toujours propre les massacres dans les abattoirs - ou en les saignant , c'est pas plus joli ...  J'essaie désespérément de faire dévier la conversation sur un ennemi commun , au hasard les élevages industriels de porcs (  bretons  ! ) où l'on coupe la queue des porcelets parce que c'est plus pratique - mais non , non , elles en tiennent à la stigmatisation de l'abattage Hallal et de la France ouverte aux " étrangers "  ... misère .

           

              Six heures du soir : après être passée voir le guérisseur de Saint-Hilaire qui m'a remis les énergies en place d'un côté   -enfin j'espère - , après une petite sieste , après un bain réfrigérant , je vais voir Maria pour me remettre tout à fait  le coeur à l'endroit  : je lui apporte des feuilles de cassis séchées pour ses douleurs , et des graines de mes pavots rouge vermillon . Nous prenons le thé , Hermione dévore l'équivalent de son poids en boudoirs ( assise entre les genoux de Maria , les yeux dans les yeux , toutes deux s'amusent comme des petites folles  ...  ) .

           Maria me rappelle qu'elle demande de l'aide à Dieu quand elle a une rencontre difficile à faire ; j'en ai encore une dans la soirée et je me promets bien de l'imiter ..  Je partirai de chez elle , comme toujours , apaisée et rassérénée ; la maison de Maria est adossée à la colline , pour y accéder   il y a un raidillon , sous un mur de fleurs en pots installées dans la pente qui monte raide au dessus . Ses fleurs de tabac embaument , et nous les admirons pendant que je surveille la descente un peu cahotante de Maria vers son jardin ( Il lui est déjà arrivé plusieurs fois de tomber - mais jamais en descendant , me dit-elle )  .  Ensuite ,  marchant sur la petite route pour rejoindre  ma voiture , dans l'ombre des chênes-verts , je caresse la paroi abrupte de la colline , où les petits schistes gris forment comme  une peau écailleuse et amicale .  Dragon-colline ...  

 

 

 

 

 

P1120738.JPG

 

 

 

 

 

 

               Huit heures et demie : je dois aller chez maman pour sermonner la petite Léna . L'autre jour la petite Léna ne s'est pas réveillée quand l'infirmière est arrivée à six heures du matin , elle avait laissé , parait-il , la pièce en désordre , la porte fermée à clef , les lumières allumées , et elle sortait du lit .. Les autres gardes , qui sont du genre hyper propre nickel Javel Blitz ,et hyper efficace ,  la condamnent énergiquement et me font remarquer que Léna ne ramasse même pas les chausettes de maman le soir pour les poser sur la chaise ...  la petite Léna n'est pas ménagère , et voilà qu'en plus la petite Léna est devenue musulmane  ... Maman , qui a toujours apprécié d'avoir une tête de Turc ,  est en rogne contre Léna , parce qu'elle ne répond pas au doigt et à l'oeil ... Comme  maman s'est toujours considérée comme la Reine des Abeilles , un côté assez déplaisant chez elle ,  je me dis que la présence de Léna contrebalance un peu ; mais , connement ,  je prends pour argent comptant les critiques des autres gardes ,  et je m'apprête à donner un  ultimatum à  Léna . Pas si  facile ...

 

            Neuf heures trois : la petite Léna arrive , voilée de turquoise et juchée sur d'éblouissantes mules turquoises - à très , très hauts talons , bien sur ... elle se désentortille de ses voiles  , je lui propose d'aller dehors discuter -  maman d' humeur bénévolente  car elle a passé la journée avec Ellés qui l'adore et la caresse dans le sens du poil , d'accord elle est payée pour ça mais elle en fait encore plus , maman , donc , est  installée dans son fauteuil devant " des Racines et des ailes .." Léna  commence par mal supporter mes reproches , suggère que tout a changé depuis quelque temps chez maman - elle a raison de ce point de vue  , l'atmosphère est moins familiale , plus rigoureuse ... depuis que j'ai engagé Sylvie et Ellés , deux femmes d'ordre venues lutter contre l'influence perverse de Nordine ... Ce qui était bien nécessaire  Elle accepte de signer , promet de ne plus jamais apporter sa lessive pour la laver dans la machine à laver de maman , ( c'est nouveau , cette histoire de lessive ! elle n'a jamais fait ça quand elle était célibataire .. )  m'explique qu'elle fait le Ramadan ... (  je m'informe  , ça m'intéresse d'en savoir plus ...  ) Son petit mari arrive pour lui apporter le repas de rupture du jeûne , je les laisse pour l'instant en précisant bien qu'il ne doit pas s'attarder .. il est dix heures moins le quart ,  je rentre  retrouver le mien pour notre repas du soir et la soirée douce sous les étoiles  - le mien que je retrouve furieux contre ma mère et tout le temps que je passe à m'en occuper , furieux  contre Léna , contre les gardes , contre la religion Musulmane et  contre les religions - oh oui , contre toutes les religions ...

 

                  Quelle journée .

 

         

 

 

 

 

 

 

 

24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 23:14

        Dés le matin , une telle sensation d 'épuisement ... la tièdeur de l'air ? non , mais le souvenir de l'amertume que ma mère me lancait au visage hier soir , après que j'ai eu passé deux pleines heures fatigantes pour mettre en place les emplois du temps des gardes  : " tu m'as supprimé le seul ami qui me restait ... " - il s'agit encore de Nordine , que j'ai licencié au début du mois ... licencié , pourquoi ? maman me dit : " parce qu'il avait été une fois ,une seule fois , en retard ... " - quel monstre je fais ... mais non , Nordine a été licencié , avec un confortable préavis, une indemnité de licenciement  , parce qu'il a oublié de venir travailler , tout simplement , et que ça n'était pas la première fois , et comme d'habitude il avait coupé son  téléphone ... parce que sa façon de travailler se dégradait au fil des mois ... parce qu'il ne respectait pas les engagements qu'il voulait imposer au reste de l'équipe   ... mais maman ne se souvient pas de tout ça . maman n'en a rien vu , n'a rien voulu y voir ...  Maman est presque aveugle  , au sens propre et au figuré ...  Hier après-midi , je suppose que Nordine lui a rendu visite ,  qu'il lui a raconté que je l'avais licencié parce qu'il était arrivé en retard une fois , une seule fois ... entre la parole de  Nordine et la mienne , ma maman centenaire préfère donner sa confiance à Nordine , et c'est là que le bat me blesse . Arriver à se détacher de ma blessure enfantine ...  Voir ma mère de façon neutre . Elle est , la plupart du temps  mais pas toujours ,  égocentrique ; et que m'importe  à moi  ?  Je fais ce que je crois devoir faire , rien d'autre ne compte . Tu as droit à l'action , mais pas au fruit de l'action ... dit la Bhagavad Gîta .  Ca serait bien le moins que je garde cet ancrage en mémoire !!

         Philippe , voyant que je ne suis pas trop en forme , me propose une visite à Arles : nous y sommes allés la semaine dernière , et  j'ai beaucoup apprécié  deux expositions , entre les centaines qui y fleurissent actuellement : l'une de Joseph Koudelka , des photos qui doivent dater des années trente ,  tziganes en Tchequoslovaquie  ( moi ,  paysanne de souche , je n'ai aucune sympathie à priori pour les gitans , ni les tziganes ; il me suffit de les voir en photos ) magnifiques photos en noir et blanc ,  plus noires que blanc , noir charbonneux ,  photos lourdes ,  intenses , d'univers lourds et intenses  . L'autre exposition est  de Sophie Calle : elle a demandé à des aveugles quelle était la dernière image qu'ils gardaient en mémoire . Elle a transcrit  les mots ,  en face des photos des visages et des sujets évoqués  ... magnifique ,et très émouvant . Une fois de plus .

           Aujourd'hui , nous visitons les expos dans les anciens ateliers SNCF ; il fait très chaud , et je n'en retiendrai que deux : une vidéo de grande ampleur  : sur cinq grands écrans placés côte à côte le vidéaste a filmé la mer , le paquebot ,   les passagers , un retour par mer plutôt triste vers Alger ..   

             Mais ailleurs  ,    plusieurs portraits d'une dame d'un certain âge , comme on dit; élégante ,  visage long  très bien maquillé , un peu figé  . A côté , la photo de son lévrier en train de courir ... quasiment la même expression sur les deux visages , canin et humain ... la même distinction aristocratique ; j'éclate de rire , enfin quelque chose de réjouissant !

             Dans la chaleur , nous errons d'expo en expo ; mes pieds deviennent de plus en plus lourds , mon front dégouline ... Hermione nous a sagement attendu , bien au frais dans la voiture à l'ombre .   Que le retour  dans nos hauteurs cévenoles est bienvenu ! Je plonge dans l'eau de la piscine qui me parait glacée ... puis illico  dans un sommeil profond  .

          J'émerge vers les six heures du soir ,  tentée par une petite séance de jardinage : ce matin j'ai pulvérisé de la prêle car les rosiers sont attaqués par l'oeil-de-paon ,  j'ai ramassé le plus possible de feuilles malades .  Les mauvaises herbes de l'été ont prospéré ; mais les nigelles , pieds d'alouette , coquelourdes sont en graines que je recueuille précieusement . Je m'aperçois qu'une lavande s'est desséchée en quelques jours - le vent sec et chaud des jours derniers lui a été fatal   ... une pied de pivoine, également ,  est en mauvaise posture . Je m'active  avec bonheur à arroser , gratter   ,couper les branches mortes des rosiers , bêcher pour arracher le chiendent , tailler les feuilles des iris zébrées tout au long  de bandes transparentes par la mineuse ; mais pendant tout ce temps , je ressasse et ressasse la souffrance et la fatigue de mes relations avec ma mère .

          Le crépuscule arrive  sans que je m'en rende compte ... je lève le nez du fouillis , pose mon sécateur -  et suis submergée par la beauté et l''amour que me renvoient ce jardin , ces plantes . Je croyais bien que les dahlias avaient été tous dévorés par les escargots , et , surprise ! l'un d'eux s'apprête à fleurir ... Les rudbeckias illuminent le massif avec sérénité - cadeau de Maria , ceux-là ; j'en ai d'autres , plus fins sur leurs tiges  élancées comme des flèches ;  ils m'avaient été donnés par Marie-Hélène de la Place Braille à Aix . Que de joie ça donne , un jardin . On ne va tout de même pas s'appuyer sur les humains ... ni sur sa famille ...   je laisse ma mère à son amertume , je laisse mon amertume à moi -  et je n'ai qu'à m'abandonner à l'amour ..

 

 

P1120730

 

 

 

 

23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 16:36

        L'autre jour , vers la fin de l'après-midi ,  l'un  ( une ? ) d'eux butinait le plumbago  , les ailes vibrantes ,  la trompe délicate si prestement et habilement plongée au coeur des fleurs   d'un bleu de lait délicat  .. le temps que j'aille chercher l'appareil photo , il était parti ailleurs voir si j'y étais .. Je n'avais jamais aussi bien vu la tête de mort noire qui marque leur abdomen . Le Paradis bleu laiteux  , le désir désespéré  et la mort , tout celà réuni en un seul instant ... Je voudrais tant réussir à le prendre en photo ! n'ai pu que peindre le désir . Quand à l'éléphant , c'était une méchante plaisanterie que faisaient mes soeurs de la petite fille rondelette que j'étais à cinq ans , plaisanterie qui m'avait marqué au fer ,  tout le temps de l'adolescence gauche  et misérable . Mais mon âge adulte  heureux  sait que l'éléphant , c'est le merveilleux Ganesh ... 

 

 

 

Sphinx colibri

 

 

           Et le hasard ( le hasard , vraiment ...  ) a fait que pour photographier la peinture avec une meilleure lumière  , j'ai posé la feuille de papier en équilibre sur un panier contenant les entretiens avec Sri Nisargadatta Maharaj : Je suis  , que j'avais également emporté à Saint-Jean du Gard Jeudi dernier pour ma nourriture spirituelle . Drôle de chose , le hasard .  

 

 

 

 

 

 

 

 

22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 11:29

             Où en étais-je restée ? Ah ,   oui  , l'expo à Saint-Jean du Gard ,  Jeudi soir ... j'étais hyper stressée d'y aller - à tort : atmosphère bon enfant , les autres artistes   de Saint-Jean  ou d'ailleurs , ( photographes , peintres )  sont accueillants et conviviaux , et leurs oeuvres de bonne qualité . J'ai apprécié  beaucoup  ,notamment , les belles photos de Camargue , paysages en noir et blanc de Patrick ... Je m'installe sans problèmes majeurs à la place qui m'est réservée ,  malgré la foule un peu trop dense qui se balade au marché à touristes de Saint-Jean vers cinq heures de l'après-midi  - ( mais j'aurai , pendant quelques jours ensuite ,  des douleurs variées aux  articulations , pour avoir un peu trop forcé en portant fauteuils , chaises , cartons ... ) . Bon ... J'espère , en exposant , me débarrasser de quelques oeuvres anciennes pour faire un peu de place sur les étagères de l'atelier trop encombré ... 

 

 

           Et me voilà installée . J'ai apporté deux fauteuils métalliques ultra confortables , un pour les pieds ,un pour les fesses , un coussin , et une provision de bouquins- quel rêve ! - plusieurs heures où je ne risquerai pas d'être  sollicitée par maman ou une auxliaire de vie  bien intentionnée , où je ne penserai pas qu'il faut que je pulvérise de la décoction de prêle sur les courges attaquées par l'oïdium ,   que j'arrache des mauvaises herbes qui étouffent les hémérocalles et les petits cosmos orange , qu'il y a du repassage à faire ou la serpillère à passer dans la cuisine en bas ... Donc , je suis dans une petite rue un peu étroite , pas très gaie si l'on veut , mais c'est mon coin de paradis à moi pour quelques heures ... Et puis , les voisins sont sympas : nous regardons nos oeuvres respectives ,  la voisine du dessus , qui n'est pas une artiste mais s'intéresse ,   m'apporte de l'eau glacée avec du sirop de menthe - elle en profite pour prendre mon attention  vingt  bonnes minutes afin de me raconter avec énergie sa vie et ses déboires , pourquoi pas ! - les gens passent , me disent qu'ils trouvent mes peintures  belles , les enfants débordent de compliments , me disent que je suis une vraie artiste , youpi ! Quand aux   gens qui n'aiment pas , ils passent ... J'ai emporté Du côté de chez Swann , j'en suis à  la fin , aux déboires en forme de méandres  du narrateur  ado et amoureux de Gilberte ...  et , pour me changer de Proust , Le château de Lord Valentin , de Silverberg ,  que je relis également  -  d'être tombée dans Eragon il y a quelques semaines , livre acceptable mais sans plus ,  m'a donné envie de revenir à un vrai bon auteur d'héroïc fantasy , dense , poétique , vaste   ... confortablement installée , les chevilles sur le coussin et mon verre de menthe glaciale à la main ,  je savoure  ...

 

 

 

 

 

             Le soir vient ; une femme d'une quarantaine d'années ,   plutôt belle , au visage triste , tourne et tourne autour de la table où j'ai posé quelques peintures encadrées ,  fouille dans le carton où j'en ai entreposé une vingtaine ... en prend une , une autre ,  revient à  la première ... elle me dit : " c'est joli ! " je dis merci ... puis ... " mais ça n'est pas que joli ! " - je dis .." oui .." Elle finit par en sélectionner deux , pas très gaies  ; elle me dit qu'elle n'a jamais acheté de peinture ,que ça sera la première fois ... mais qu'elle n'est pas décidée  , elle va faire un tour au marché et reviendra . Bon ! Si j'en vends , tant mieux ... sinon , c'est pas si grave ... ma situation financière n'en dépend pas .

               Une heure après , elle revient et me dit désolée : j'ai acheté autre chose ! ça me fait rire , je lui dis que c'est bien - je ne sais si elle est désolée pour moi , ou pour elle : elle a acheté quelque chose pour sa petite nièce . C'est bien , de toutes façons ...  

 

 

  P1010664.JPG

 

 

 

 

               Et pourtant , le soir en revenant , je ne peux m'empêcher de comparer avec l'été d'il y a deux ans , quand je conduisais très tard , sur cette même route,  au retour des représentations de King Arthur . La musique ,  donner un concert , les applaudissements , le bonheur du chef d'orchestre ... ça me  rendait plus joyeuse qu'une expo de peinture , tout de même . Seulement , voilà , la peinture c'est mon truc . La musique , ça sera quand j'aurai le temps -  si je dois l'avoir , je l'aurai , si ça n'est jamais , c'est que c'était pas mon truc . En outre  , les chefs de choeur amoureux de Purcell , c'est pas tous les jours qu'on tombe dessus ...  Il y a eu cet été  2010, qui était un bel été . D'autres viendront , différents ;  je ne veux surtout  pas être captive de la nostalgie , que je ressens comme un enfermement m'empêchant de m'ouvrir à d'autres expériences  ... J'ai terminé la relecture du premier tome de Proust , qui se termine tellement sur la nostalgie : moi aussi , dés que j'ai , à regret , refermé la porte du monde enchanté , je deviens  nostalgique des ombrelles mauves de Madame Swann  dans les années mille huit cent quatre vingt , des instants  que je n'ai pourtant vécus que par procuration , en accompagnant les promenades printanières de Marcel au temps des glycines   ...

 

 

 

 

 

 

 

 

18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 23:33

 

... je participerai demain soir aux nocturnes organisées à Saint-Jean du Gard ... je ne me suis pas sentie assez de disponibilité cette année pour peindre beaucoup ; et de ce fait je nai pas trop l'énergie  de faire une expo d'été à Corbés , pour la première fois depuis cinq ans ; alors ,  comme on m'a proposé d'exposer à Saint-Jean , ma foi ...  pourquoi pas ? Avec les années , j'ai laissé tomber l'ambition de devenir " un grand peintre " ;  le besoin de reconnaissance s'est érodé petit à petit ; reste le plaisir de peindre , et je ressens le besoin de montrer mes oeuvres  , même si c'est un peu étrange et nostalgique pour moi de montrer uniquement celles des années précédentes .

 

 

 

les Auxiliaires-copie-1

 

 

 

 

18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 10:16

          Courez-y cet été ! le musée Pierre André Benoit à Alès , ou musée PAB ,  joli petit musée Alésien du nom d'un éditeur , graveur , peintre , poète ... ami de Picasso , des surréalistes , d'Alechinsky ... donc , notre musée PAB s'est entendu avec la fondation Joan Miro de Barcelone pour faire une expo d'oeuvres graphiques - beaucoup de gravures à l'aquatinte et carborandum de la fin des années  70 , quelques années avant la mort de l'artiste  . La surprise , c'est qu'il s'agit d'une belle collection d'oeuvres de très grande taille , ( vous aussi , je suppose qu'il vous est arrivé de vous faire avoir par une affiche affriolante , et en arrivant de trouver des oeuvres pas terribles à examiner à la loupe ... le pompon , c'avait été l'Art des Cyclades à la Vieille Charité , il y a plusieurs années ) . Donc , une chouette expo qui pulvérise les coups de blues ... nous nous sommes régalés ! Alès , c'est moins loin que Barcelone , l'expo est ouverte de 11 h à 18 h et ça coute 5 euros ..

 

 

 

 

 

 

L'aigrette rouge (D. 930)

                                            L'aigrette rouge , 1976                                                                                  

17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 17:22

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1120716

 

 

 

 

 

 

 

 

 P1120719

 

 

 

 

 

 

 

 

 P1120721

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 09:01

 

 

                                  Peinture fraîche !

                       on admirera le semis artistique de taches à la Pollock ...

 

 

P1120702.JPG

13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 17:22

 

         Ainsi que je vous l'ai dit , la petite Léna  a quitté ses minishorts ras-les-fesses , ses talons vertigineux et ses décolletés ravageurs , pour s'emmitoufler du sommet du crâne jusqu'aux chevilles :  un premier foulard ( cramoisi , quand même )  se superpose à un foulard noir collant en dessous , afin qu'aucune mèche de cheveux n'attire les regards des mâles concupiscents ; des manches longues recouvrent ses bras jusqu'aux poignets , et des jupes vagues dissimulent ses formes appétissantes ..  Elle m'a montré , toute émue , les photos de son mariage : un mariage traditionnel devant un imam . J'ai remarqué , sur les photos , que la mère , la soeur  etc .. du marié ne sont pas voilées . Tiens , curieux ... Qui a décidé de ce voilage ? Il semble que ça soit la petite Léna elle-même ...   

       En commères sceptiques que nous sommes , l'infirmière , les autres auxiliaires de vie et moi , nous faisons des paris sur la durée de la transformation ... six mois , un an , dix ans ?... , avant le divorce et le retour rageur aux vêtements moulants ?   L'amour , l'amour ! toujours l'amour ..., nous chuchotons-nous , ...  et nous nous émerveillons de voir jusqu'où Cupidon entraine  ses malheureuses victimes ... 

           Mais la petite Léna m'intéresse , et ça n'est pas une conne ; aussi ai-je voulu en savoir plus .  Elle me répète toujours la même chose , d'un ton convaincu qui vient de son coeur :  " l'Islam est une belle religion " .

           Une belle religion ... moi je n'ai pas lu le Coran . ( ni la Bible  ...  ) mais je sens bien que ça n'est pas ma tasse de thé à moi . A moi , oui ; mais c'est peut-être la sienne ... Peut-être bien qu'elle est belle ... comme toutes les religions pour les personnes religieuses .  J'ai tendance , grâce à mon père anticlérical , scientiste et souvent obtus , à me dire  qu'après tout , chaque religion est respectable : seuls les fanatismes  sont dangereux .   Quand aux  étriquements d'esprit , agréablement répartis entre religieux et  athées , c'est notre lot à tous et toutes et notre Chemin consiste  à s'en défaire petit à petit , on est là pour ça après tout .  Je partage ma vie avec un splendide anticlérical dont l'humeur , égale d'ordinaire , se gâte et devient absurde lorsqu'on fait allusion aux autorités religieuses , quelles qu'elles soient . Arnaud disait : " l'émotion n'est jamais justifiée " .   

          Alors ? Alors tout à coup , j'ai entendu ce que me disait la petite Léna : une belle religion . Je la connais depuis un certain temps ; elle me disait déjà ça l'année dernière .  Et si ... si j'entendais ce qu'elle me dit ?  Est-elle devenue musulmane par amour du gars - ou est-elle tombée amoureuse de ce gars parce qu'il était musulman ?  Léna a pris le voile ... elle a  fermement l'intention de se consacrer à sa religion , à  son jeune mari et à ses enfants -, son petiot , et ceux à venir ...  en quoi différe t'elle de ces  jeunes filles d'autrefois  dont le désir profond était de rentrer au couvent pour se consacrer à Dieu  ?   ... Qu'a t'elle vécu  , cette si jolie fille -  quelquefois tellement immature , quelquefois tellement mature - pour avoir envie de s'abriter sous un voile  ? Qu'était sa vie d'avant , où elle agitait  ses charmes de façon provocante devant la horde ?  Et encore , qui a t'elle rencontré , quelle femme de sagesse , quel homme de coeur ,  qui lui a donné envie de s'immerger dans l'Islam ?

 

                Et pourquoi pas ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 22:35

 

 

Le jardin m'apporte de grandes satisfactions esthétiques en ce moment . Surprise  , sur le compost que j'avais eu tant de mal à retourner au printemps ( je me souviens de quelle vilaine façon je l'insultais à la fin ... ) ont germé spontanément : 1) un pied de tomate et 2) deux pieds de courge . Pour les tomates , on dirait des coeur de boeuf de Nice . Mais pour la courge ...  impossible de comprendre ce que c'est , en tout cas rien que j'ai semé volontairement ; les fruits , qui doivent peser dans les trois ou quatre kilos , sont  d'un abricot clair très doux  panaché de vert céladon dans la partie inférieure  . S'il n'y avait que ce vert particulier , je diagnostiquerais sans hésiter un potiron bleu de la Reine de Hongrie ; mais avec l'orange clair ??? En tout cas , la plante est d'une vigueur exceptionnelle et se lance avec enthousiasme à l'assaut de la haie de thuya voisine .

 

 

P1120695.JPG