Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Profil

  • Prune Branchesetbosquets
  • Babyboomer
  • Babyboomer

Rechercher

5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 08:17

 

          Dés notre premier pas sur les hauteurs de l'Aubrac , nous attendait le Paradis selon Hermione : de grands espaces avec de l'herbe moelleuse pour courir à toute vitesse , des flaques d'eau et des petits ruisseaux où l'on barbote .. la Divine Providence fait bien les choses , c'est aussi le Paradis selon les parents d'Hermione . Peu de fleurs , il est trop tôt dans la saison , la neige est encore trop près  : crocus blancs , quelques jonquilles basses sur pattes qui préfèrent un peu moins de hauteur , et de drôles de fleurs que je ne connaissais pas , émergeant de feuilles au lacis délicat et compliqué pourpre et vert , des pétales rose vif aux étamines violettes , et des trucs blancs ( partie de pétale , pistil ? qui pendent vers le sol . Très joli . J'étais toute émoustillée car je considère que je connais , en gros , la flore de montagne ( vanité des vanités ... )  . Et ça ... ???? 

 

 

P1120079

 

 

 

                Eh ben ça , je l'ai trouvé , comme d'hab , sur Google : ça s'appelle erythrone dent-de-chien . Je suis contente de savoir leur prénom ! En outre , comme je suis  repassée chez maman avec un vase acheté deux euros à la trocante pour mettre les jonquilles  - j'étais fort honteuse de ma colère du matin -  je la trouve bavardant gaiement avec Sylvie devant un thé ;  j'en prends une tasse aussi , et je lui demande si elle connait ces fleurs , les  erythrone dent-de-chien ... Elle est ravie , elle en avait déjà trouvé en montagne  dans sa jeunesse , nous raconte en quelles circonstances , etc ... Sur la table du salon trône un somptueux bouquet de seringas que Sylvie a cueilli près de chez elle ; quand aux  jonquilles , leur couleur lumineuse -  jaune citron les pétales du pourtour , un ton plus clair pour la corolle au centre -  fait merveille dans le nouveau vase ..

 

 

 

 

 

 

 

4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 11:01

       Reprenons : en rentrant de l'Aubrac hier , je trouve sur mon répondeur un mot de la grand-mère de Léna : Léna a encore fait un malaise , et n'a pas pu assurer son service chez maman la nuit  du 1er Mai . Or , elle ne devait pas travailler la nuit du 1er Mai ; elle travaille toujours le Mardi matin  ;  sachant qu'elle devait faire déjà la nuit de Mercredi et celle de Jeudi , qu'elle a des chutes de tension , je suis attentive à son emploi du temps et je ne lui demanderais jamais de faire trois nuits par semaine . Même si ça n'est pas une énorme fatigue de garder maman , qui dort plutôt bien la nuit . J'appelle aussitôt maman , et après les bavardages de retour j'apprends que c'est Nordine qui a travaillé la journée du  1er . Ca ne me poserait pas problème ; seulement ,  Nordine a fait tellement d'échanges d'horaires le mois précédent qu'il a oublié , deux matins dans la même semaine , de venir travailler ... et du coup  je lui ai interdit     dorénavant d'échanger ses heures  . Me voilà furieuse , Nordine se débrouille toujours pour transgresser , mes injonctions ne sont pas respectées ...  ce qu'il a vu  surtout c'est que le 1er Mai c'est compté double ; il a incité Léna à échanger , et tant pis si elle a eu un malaise ensuite et n'a pas pu venir travailler ...  

                       Je rumine ce scénario  qui m'indigne toute la nuit ( eh oui , vraiment toute la nuit ! ) et le matin , à peu près calmée , mais décidée à lui partager en deux son premier Mai-qui-compte-double pour en donner la moitié à Léna , je vais chez ma pauvre mère ; j'apporte un énorme bouquet de jonquilles cueillies pour elle sur l'Aubrac . 

           Tiens donc, les jonquilles elle s'en fout , ou presque ! pas grave ,  moi aussi , j'ai des fleurs ,  mon jardin est plein de roses ... ( mais personne ne m'offre de bouquet à moi ! heureusement que Claudette est venu passer le week-end , comme ça j'ai eu deux brins de muguet .. ) Elle est impatiente de me dire que c'est elle qui a demandé à Nordine de venir dans la journée du 1er et qu'il l'a emmenée au restau . Le restau j'ai rien contre ; mais je suis passée chez elle le matin du 1er avant de partir et Nordine ne m'a pas parlé de changement d'horaire ..

            Léna arrive , un peu pâlichonne . Je suis en pleine crise de compassion pour elle , accrochée à mon scénario ,  ce salaud de Nordine a du lui imposer le changement ...la pauvre petite n'a pas osé refuser , et clac ! le malaise vagal a frappé une nouvelle fois  ... Mais Léna m'avoue gentiment qu'elle a passé quatre jours à Avignon , à faire un inventaire pour des amis à elle qui gèrent une Foirfouille , en travaillant nuit et jour .  D'où le malaise vagal . Tiens donc ... Mes petites cellules grises ne démarrent pas tout de suite .. Alors c'était prévu qu'ils échangent leurs horaires sans me prévenir ? Pas gênés les deux ... ils me roulent dans la farine ..  Le ton de maman se fait suppliant ,  elle ramasse tout ce qu'elle a de dignité , on a toujours compté le premier Mai double , il faut le payer double à Nordine aussi  .. et me voilà dans le rôle de la salope de capitaliste qui ne veut pas payer double la journée de l'honnête travailleur ( entre parenthéses , plus tard en vérifiant les comptes je verrai que maman et Nordine sont allés dans un restau du Centre Ville où ils se sont payé des steaks à 18 euros pièce ... l'addition est de cinquante euros ...  pas trop mal le repas du prolo .)  Maman me dit d'un ton plaintif , on est allés dans ce restaurant car il n'y avait de place nulle part pour se garer à cause des manifestations  - Tiens , c'est pour ça qu'ils sont allés au centre ville , parce qu'il n'y avait pas de place pour se garer ? .. et encore , maman en voiture n'y voit pratiquement pas  , si son chauffeur lui dit qu'il n'y a pas de place elle ne peut vérifier ...  Je ne râle pas pour la dépense , en fait je trouve ça assez sympa qu'elle puisse encore  aller au restau ,  et puis si ça la fait rentrer en maison de retraite deux jours plus tôt pour cause de manque de fric  après tout c'est son affaire et pas la mienne , même si moi j'essaie de faire en sorte qu'elle économise  .. Non , je râle ferme parce que j'ai interdit les changements d'horaires  et que la consigne est passée à l'as ...      

               Maman réattaque d'un ton plaintif , je n'y vais presque jamais au restaurant et dans ma vie je n'y suis pas beaucoup allée ... Alors là c'est le pompon !  Je suis partie de la maison tous diplômes réussis , complétement autonome financièrement , moi la dernière fille  à élever , à l'âge de dix-neuf ans ; donc jusqu'à la mort de papa , elle a eu vingt-quatre ans pendant lesquels elle aurait pu profiter d'aller au restaurant en amoureux ;  ou en copines  avec sa soeur .. et quand tata a été paralysée  on l'y a invitée au restau ...  tout de même pas ma faute si mon père n'aimait pas aller au restaurant !  deux Et zut ! J'ai devant moi tout à coup une petite fille malheureuse qui a plus de cent ans , qui se dit qu'elle va bientôt mourir , qu'elle veut profiter de la vie .. encore un peu , juste encore un peu .. et moi je suis là  , méchante fille , immonde à la réprimander  et à vouloir économiser des bouts de chandelle sur le salaire du pauvre Nordine ...  Je fais , limite , de la maltraitance de personne âgée ... maman , qui est maintenant la compassion personnifiée , gémit : et puis Nordine quand il était petit il a eu faim ...  

           ...   Rester neutre , rester neutre , mais la crise d'apoplexie me guette , j'enfle , je deviens pourpre ,   Aaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh !  j'en peux plus moi ! . je vais bientôt  exploser ...   j'éclate ...  j' ... 

 

 

 

 

4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 00:05

 

           Oops .. nous sommes partis même pas trois jours ; et dés le retour , ce soir , les difficultés me tombent dessus . Je vais essayer de ne pas les grossir en fantasmant  .. essayer de rester neutre .  Il est temps pour moi de me souvenir de l'impression de ce matin :  car ce matin encore nous étions à Conques , un endroit où je me sens  bien ,  comme protégée   par une puissance immense  ; tout en longeant l'abbatiale  , je regardais au plein de mes yeux grands ouverts  ses   anciennes pierres aux couleurs douces et chaudes , son élan tout droit vers le ciel , l'abri solide et vaste qu'elle m' offre  chaque fois que je la retrouve  ; je prenais   conscience  de sa présence  bénéfique . Quoique  pas trop chrétienne , j'y trouve  une puissance  chaleureuse .

         J'imagine que c'est parce que les personnes qui l'ont construite , les personnes  qui y ont prié ,  étaient alors en contact avec quelque chose de précieux en eux , quelque chose de l'ordre de la profondeur , quelque chose de l'ordre de l'amour , et que les pierres reflètent ensuite cette énergie   , l'irradient en quelque sorte .   Refuge et appui et amie de tous , quelle que soit leur religion , leurs croyances , qui considèrent leur vie entière comme un Chemin de Pélerinage . ( Et à ce titre , je trouve ce soir que j'aurais bien droit , moi aussi , à une coquille sur la porte de ma maison ...Boudiou ! Que c'est difficile de revenir de vacances ... )

 

 

P1120144.JPG

 

 

 

 

 

P1120146.JPG

 

 

 P1120161.JPG

 

 

 

 

P1120162.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 09:05
 
       Et cette nuit , me réveillant à nouveau avec ce cafard , il me souvient encore  d'une vérité égarée , une vérité qui a tellement tendance à s'égarer de nouveau que j'ai du mal à la formuler à nouveau ce matin   : le temps est une invention de l'esprit . "Maman devra quitter  sa maison dans quatre ans" , ou encore " peut-être que maman va mourir dans moins de quatre ans " , sont , au moment où je les prononce mentalement ,  des phrases qui véhiculent leur pesant d'angoisse . Mais , au sein de la bulle d'intelligence et de silence créée par   la méditation , je ressens que l'instant présent est tellement quelque chose de plein , et qui sera toujours présent ,  l'instant éternellement présent , que je comprends que l'expression " dans quatre ans " est  une  totale abstraction , une irréalité fabriquée par la pensée  . Dans quatre ans , ça sera un autre instant présent , que nous ne vivrons pas du tout comme je peux l'imaginer en ce moment présent -ci ..  Au fil des émotions , le temps est étirable . Chaque fois que je sors d'une séance de yoga , même si tenir une posture est parfois tellement chiant que je jette des regards dérobés à la pendule , j'ai l'impression que je viens de m'installer sur mon tapis pour commencer la séance ...  le temps est une invention de l'esprit .
 
   
( au fait ,  vous ai-je dit qu'on avait pu assister à la recréation d'Einstein on the Beach à l'Opéra de Montpellier ? Un grand , grand moment dans notre attente ; un grand , grand moment à la réalisation ... c'est si rare ! )
 

29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 03:10

           Cette semaine , j'ai été un peu trop occupée par des conversations   un peu convenues , ou des obligations  - visite de ma soeur que j'avais envie de bien recevoir  , Lundi , mais la journée n'a pas été tellement réussie  ; passer un peu de temps avec la voisine dont le mari est toujours à l'hôpital ; faire avec R. , qui ne va pas trop en ce moment et a des difficultés pour conduire le soir  , une visite au musée PAB  ; surtout , surtout , et c'est ce qui m'a pesé le plus ,   recalculer , au plus près , le budget de maman  ; et essayer , en me sentant hyper mal à l'aise et angoissée , car c'est une décision qui engage quelqu'un d'autre  , de faire un choix dans les différentes solutions possibles ( viager , vente à terme , emprunt ? ) . Quoi d'autre , Vendredi ,  aller faire le pied de grue au cabinet médical parce que la toubib de maman , toujours surbookée  ,  avait oublié de préparer  son ordonnance , et les secrétaires s'étaient mal transmis l'info , et passer toute la journée  en aller-retours  , effectués de fort mauvaise grâce ; préparer et vérifier la paie des auxiliaires de vie   ... Bref , pas du tout de temps pour peindre , ce qui me stresse toujours et me rend , soit déprimée , soit  acariâtre . Ou les deux . J'oubliais dans ma liste , me disputer avec Philippe et rester en froid toute la journée du Jeudi  ...

           Mais -   grâce à Rajounet qui me réveille au retour de sa promenade chaque nuit vers les trois-quatre heures du matin , en venant ronronner et s'étirer trop près de ma tête , histoire que je lui prépare un petit en-cas ( je sais , je suis trop laxiste avec ce chat , mais c'est mon chat préféré ) - chaque nuit ,  je peux méditer    . Imaginez , c'est comme un rendez-vous  , le meilleur  : un rendez -vous avec soi -toute-seule  , un rendez-vous magique , chaque nuit  que Dieu fait ...

         Celui d'hier était incroyable : je m'étais réveillée accablée et déprimée - pour moi et la façon dont je suis obligée de gérer mon temps , pour maman  parce que , quelle que soit la façon dont je calcule , il m'a bien fallu lui annoncer  qu'elle ne pourrait vivre que quatre ans de cette façon - avoir des auxiliaires de vie , ça coute très cher et ses économies diminuent  . Pas très agréable comme nouvelle : ça n'est jamais agréable de se voir fixer des limitations .  Je sais , elle a déjà cent ans , donc il est plus que probable qu'elle sera morte dans quatre ans ; mais cette perspective , la nuit dernière , me fichait un sacré cafard aussi . L'avenir d'une centenaire ne me semblait pas forcément quelque chose de facile à envisager de façon gaie . 

 

          Et alors , cette méditation ... je m'assieds , pour mon hygiène personnelle je visualise un petit nettoyage interne de mes chakras . Ensuite je me contente d'être assise , le dos droit ;   je constate , sans en être affectée , que je suis cafardeuse ;  je respire tranquillement parce que l'endroit où je suis assise , toujours le même , est  un bon endroit pour méditer et que , malgré des douleurs aux articulations , mon corps est un endroit confortable aussi  ;   j'écoute  , je vois ou je sens l'air qui entre et qui sort ,  j'accepte que chaque pensée veut prendre toute la place et j'essaie de ne pas m'y laisser embarquer  .. Rien que ce petit effort porte un intérêt en soir . 

             Et soudain je me rends compte que  les nuages opaques  dans ma tête , le brouillard qui plombait  de sa vision grise et morne ma façon d'envisager les choses , tout celà s'est évaporé  ;  je suis incroyablement heureuse ... 

          Et je  me rappelle une fois encore que la joie , la Joie , vient uniquement et absolument quand elle veut ... complétement indépendante des circonstances extérieures ...  Alors , pourquoi se soucier de ce qui rendra , ou rendra pas , ma mère heureuse ? Certes , je fais de mon mieux pour tout bien agencer et c'est essentiel  ; mais le même bonheur qui m'a envahie tout à coup , peut la visiter tout aussi bien  ,  à n'importe quel moment . La Joie ne dépend pas des circonstances ... Si seulement je pouvais avoir cette vérité toujours ancrée en moi  !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 14:38

( le bassin , avec filet , piquets de bambou faits à la main  , et sans héron ) 

 

 

 

 

 

P1120061.JPG 

26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 08:02

          Ce matin : ciel tout  gris , sauf une bande claire dans la direction du Rhône -  mais la pluie se fait  attendre , encore et encore .  Un héron - le salaud qui m'a bouffé cinq poissons sur sept ? -  avait pris position hier matin tout en  haut du grand cédre ; ai-je rêvé ou inspectait-il le petit bassin , de son  regard auguste et acéré ? Le filet que j'avais commandé par internet est arrivé hier     ; j'ai passé deux bonnes heures à l'installer : envoyant aux pelotes Philippe qui voulait me l'installer façon   Philippe , j'ai dit que j'allais m'en charger toute seule et  j'ai scié moi-même une partie des piquets dans un très gros bambou  ;   dorénavant , je saurais que c'est abominablement dur le bambou !        

          Quoique j'ai fait de mon mieux , la présence de ce maillage heurte mon sens de l'esthétique , lequel est bien sur très oblitéré par le mental ou l'émotionnel . Et m'en voilà toute agacée .  Pourquoi est-ce que ça ne serait pas " beau " ? Parce que tu as déjà dans la tête l'image de petits bassins carrés façon jardin Zen , si possible en pierres , où les poissons rouges nagent lentement ...  tu as vu ça dans des magazines ...  ( Mais souviens-toi , tu avais ça , il y a  huit jours encore. Sauf la bordure en pierres . Tu pourrrais donc reprendre des poissons rouges ; et il ne te resterait plus qu'à mettre dessus une enseigne  fast-food  .en langage héron   .. )

          Que diable le mot " beauté " recouvre-t'il ? Il y a l'esthétique tendance Zen , ou tendance Monsieur Hulot ( souvenez vous de l'escalier de sa maison dans Mon Oncle ) . Je déteste les jardins Zen ,  je trouve ça glacé , déjà qu'en ce moment la vie n'est  pas très rigolote .. Mais d'un autre côté , les jardins trop chichiteux , je n'aime pas ça non plus . Alors ? Alors , photos suivent ...

 

              Je vais déjà aller voir comment le filet a tenu le coup cette nuit : Myrtille , la grande copine d'Hermione , a pris la néfaste habitude de venir boire un coup au bassin le matin tôt ( Myrtille est un chien genre berger  à poils longs , du genre blanc et noir sauf quand elle a pris son bain de boue matinal dans le fossé voisin . Elle court comme l'éclair , encore plus vite qu'Hermione ,  est  hyper gentille et ultra trouillarde ) ; j'espère que je ne vais pas la trouver en train de flotter dans le bassin avec le filet entortillé autour des papattes . 

 

 

              Ces soirs ,  je relis la biographie de Philip.K. Dick dont je vous parlais il y a peu de temps , et je tombe sur une page qui me ravit , et me rappelle que j'avais eu un coup de foudre pour " l'Oeil dans le Ciel " la première fois que je l'ai lu ...  Chaque chapitre de ce livre permet à la lectrice angoissée de voyager au fil du temps et de l'espace , comme dans un roman " normal "  ; elle met quelques chapitres à se rendre compte qu'elle voyage  aussi dans le mental d'un personnage , un mental devenu le Monde  ou la Réalité du livre , grâce à l'auteur-manipulateur ,  qui a agencé en virtuose les péripéties , bien abrité  derrière sa machine à écrire  . J'ai eu la chance  de naître dans une famille nombreuse qui contenait déjà  quatre adultes et deux ados ; une famille  où chaque personne avait viscéralement un point de vue différent et bien ancré , ce qui faisait plusieurs  antagonismes . Après une petite trentaine d'années passée à réparer les divers déphasages qu'une telle situation engendre chez un enfant en construction , qui tente de comprendre le monde à partir de la famille où il a atterri , je me rends compte que c'est une situation qui permet de comprendre à quel point ce qu'on considère comme le réel  , le monde , est fondalement différent pour chacun . Quand à la Réalité Ultime ... Les sages disent qu'elle est la Beauté , l'Amour  ...

22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 22:37
         Je vais vous reparler de " Flow , my tears ... " .. Allez , c'est la dernière fois , je le jure .
       Donc , ce matin je ne me sentais pas très gaie et , le coeur serré , je revenais une nouvelle fois à la triste chanson  de Dowland  ; allégeant ma déprime du matin   - parce que mes larmes à moi ne coulaient pas  vraiment . Je n'ai pas inventé l'oeuf à la coque : vous  savez aussi  bien que moi que la peine , la souffrance , s'allègent  , en quelque sorte , quand on prend refuge dans  une musique qu'on aime  - Dowland pour moi en ce moment ,  Haendel pour Adeline-que-je-ne-connais-que-par-ses-commentaires ;  il y a quelques siècles  , je me rappelle , je me nichais dans les Leçons de ténébres de Couperin chantées par Alfred Deller ;  Lisa , de Cat Stevens , a creusé tout un hiver mon chagrin d'amour  pour un  gentil garçon irlandais   ... il y a longtemps , si longtemps - et ça ne nous rajeunit guère ...
        J'écoutais ,  j'ai voulu faire l'effort de traduire de façon un peu  précise ,   le Harrap's sur mes genoux ...  Je me suis aperçue  qu'un théme qui revient  dans le poème est , outre la tristesse , le mépris de la lumière pour l'ombre -  le rejet , parfois violent ,  des chagrinés par les gais . Z'ont pas envie d'être dérangés dans leur bonheur les gais   .. Z'ont pas envie de sortir de leur tristesse les déprimés , et Dowland leur conseille de  mépriser les joyeux ..  Je ne sais pas vous , mais moi je commence souvent par chercher tous les moyens de me  sentir " bien " , c'est à dire gaie et pleine d'énergie , avant d'accepter , de façon  un peu volontariste , que je me sens mal , sans raison , ou mal , avec " des raisons " ( mais le  Chemin , n'est-ce pas de se délivrer de ces soi-disant raisons )  .   Rejet de l'ombre par la lumière ... et l'ombre qui le lui rend bien ...  Ca serait surement un peu plus simple d'être triste en acceptant de l'être ; mais non , on rejette d'abord ..  toujours cet idéal un peu rigide , d'être gaie et en pleine forme chaque minute que Dieu fait  .
          Pas à pas , essayant tout d'abord d'ignorer le fait que mon Chevalier à la triste figure personnel m'accompagne comme un frère tout au long du chemin , pas à pas  je suis chaque méandre d'un sentier compliqué , puis reviens enfin au point de départ - la tristesse, tout simplement ; juste ,ce matin je suis triste et j'ai le coeur serré . Pas de quoi en faire un vélo ... la tristesse , à vivre , à accepter ,  la tristesse qui disparaîtra , comme elle est apparue ... en une minute , en trois jours ,  en trois mois ..  tandis que Don Quichotte et moi resterons à nous émerveiller de la beauté de la chanson de Dowland .
 
 
 
 
 
 
Ma traduction étant un peu laborieuse , je préfère piquer celle de ce site
http://wusong.free.fr/scripto/mytears.htm que je copie-colle sans honte :
 
COULEZ MES LARMES
Coulez mes larmes, jaillissez de vos sources !
Exilé pour toujours, laissez-moi m'affliger.
Où les oiseaux noirs de la nuit chantent leur triste infamie,
Là, laissez-moi vivre abandonné.
Cessez, vaines lumières, ne brillez plus,
Aucune nuit n'est assez sombre pour celui
Qui, dans le désespoir, déplore sa dernière fortune,
Fait de la lumière mais dévoile sa honte.
Jamais mes chagrins ne pourront être consolés,
Depuis que la pitié s'est enfuie,
Et les larmes, et les sanglots, et les plaintes, mes jours lassés
De toutes joies sont dépourvus.
De la plus haute volute du plaisir,
Ma fortune s'est effondrée,
Et la peur, et la peine et la douleur dans ce désert
Sont mes espoirs depuis que l'espoir a déserté.
Ecoutez, vous les ombres qui dans l'ombre demeurez,
Apprenez à mépriser la lumière
Heureux, heureux ceux qui en enfer
Ne sentent pas le dédain du monde.
John Dowland (1563-1626)
(traduction: Serge Leclercq)
 
 
 
 
      Le site en question , qui date d'il y a dix ans , est  celui d'une association WuSong . Il affiche d'ailleurs d'autres textes , notamment  du boudhisme Ch'an , et voilà que là aussi je constate que j'ai suivi  une boucle , passant par la chanson de Dowland .. marrant de retomber sur des textes boudhiques ..  ;  il n'y manque même pas la référence au regretté Philip.K. Dick .  Je ne sais pas vous , mais moi je vais aller explorer un peu ; en écoutant la deuxième leçon de Ténébres  , si vous tenez absolument à quitter John Dowland   ...
 
 
 
 
 
 
 
20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 10:56

 

 

        Il y a quelques jours , j'ai revu " The Hours " en DVD . Un beau film ...  c'est le seul rôle qu'elle interprète , dans lequel  j' adore Nicole Kidman . Quand je vois le personnage de Virginia Woolf , si bien décrit ,  à un moment où elle est enfermée dans sa souffrance , son mutisme , ses blessures , et pour tout dire ailleurs , je me vois moi-même , dans certains mauvais moments   ...  Je ne compte pas me noyer dans l'Alzon , tout de même .

 

 

dans-une-autre-vie.jpg 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 21:21
        
       Le chirurgien a pratiqué une première opération , réussie , sur notre voisin ; il devra en subir une autre , tout aussi importante  . Bon .. Un tout petit répit pour la voisine ,  un tout petit peu d'espoir ...
         Quand à moi  , je pleure ce soir la disparition de six poissons rouges , ( en fait : cinq rouges , un blanc , et un petit noir qui était mon préféré .. ) . Je pleure leur perte - non ,  c'est mal dit , c'est surtout que je me sens bien coupable , ... j'ai fait confiance à la somptueuse abondance de plantes dans le bassin  ; je n'avais pas mis de filet protecteur   -  mauvaise mère , qui ne les a pas protégés   contre ce héron de malheur .  Il n'en reste plus qu'un , qui nage à toute vitesse dés qu'on s'approche , le pauvret .. Désolée  les hérons , je vous aime bien - quand vous ne dévorez pas ma progéniture ...
 
 
 
 
P1110868
 
 
      
 
        
 P.S :  je vous mets les paroles ... que j'ai la flemme de traduire .
     
Flow, my tears, fall from your springs!
Exiled for ever, let me mourn;
Where night's black bird her sad infamy sings,
There let me live forlorn.

Down vain lights, shine you no more!
No nights are dark enough for those
That in despair their lost fortunes deplore.
Light doth but shame disclose.

Never may my woes be relieved,
Since pity is fled;
And tears and sighs and groans my weary days
Of all joys have deprived.

From the highest spire of contentment
My fortune is thrown;
And fear and grief and pain for my deserts
Are my hopes, since hope is gone.

Hark! you shadows that in darkness dwell,
Learn to contemn light
Happy, happy they that in hell
Feel not the world's despite.
 
 
 
     P.P.S :   Et bien sur , Flow , my tears , the policeman said .. est le titre d'un roman de Philip K. Dick , lequel a passé un certain temps à travailler dans un magasin de disques quand il était jeune *, d'où ses excellents gouts musicaux ; le policier , qui pleure dans le livre , y pleure la mort de sa soeur jumelle . Un couple amoureux  et incestueux assez intéressant : l'un est la Loi , l'autre la transgresse . Le héros du roman , lui , explore un univers où sa personnalité publique n'existe plus ; quand à la soeur jumelle de Philip K. Dick , morte en bas âge si je me souviens bien , a t'il lui-même assez pleuré sa perte ? réécoutons John Dowland ...
 
    * Il existe une  bonne biographie de  Philip K. Dick ,  par Lawrence Suttin , intitulée     Invasions divines    ; Quand à l' oeuvre du maître ,  vous êtes bien d'accord avec moi , on ne la relira jamais assez .