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6 décembre 2015 7 06 /12 /décembre /2015 06:53

 

 

 

 

 

Chapitre 1956 : de la liberté

     

 

 

         Tous les soirs , je tape ce texte sur l'enfance de maman écrit par ma sœur aînée ; c'est , je l'avais dit ,fort  bien écrit , et j'y prends autant de plaisir que si je lisais un livre passionnant. Depuis que je suis petite , j'entends les histoires d'enfance de maman et tata ; leur parole et leurs histoires d' enfance avaient remplacé la mienne , que  , par contre ,  je ne trouvais pas passionnante ( et aux murs ,les innombrables tableaux peints par mon père , qui ne parlait pas , ont failli remplacer les miens  , qui fleurissent maintenant innombrables sur les murs de ma maison ... ) . Je ne parlais pas ; je ne peignais pas ; je ne jouais guère - pas le temps , l'école a commencé trop tôt , avec trop de travail  ! - mais je lisais ; et travaillais .           

              L'été , par contre , un mur d'ennui bétonnait mon horizon ... qui restait bétonné , et la seule échappatoire était dans le rêve , ou  les livres .

             J'ai gardé  cette aptitude à travailler - et à m'enfouir dans le travail , même s'il est énorme , que ça soit travail intellectuel ou jardinier , je le fais ,  patiemment et obstinément. Je ne sais pas si ça vient de mon signe astrologique chinois ( le buffle ) ; ou de l'enfance . En tout cas , en lisant ce texte , je me dis que je n'étais vraiment pas très éveillée ni dégourdie pour mon  âge . Et que je ne le suis pas trop maintenant non plus . Bah ! faut faire avec cet ego , dans cette vie ...

    Tous les matins , je fais des cartons pour Emmaüs ou le Secours Populaire ... Hier , j'y ai passé trop de temps encore - et j'ai l'impression de devenir gâteuse . Du coup , en fin de matinée , j'ai voulu m'attaquer aux encadrements de quelques aquarelles pour le marché de Noël , à Saint-Jean ,  le week-end prochain . Marché de Noël .. je trouvais mes aquarelles tristes ,  un peu ternes ; j'ai mis des encadrements gais que je trouvais jolis sur le moment ; mais je vois maintenant que ça ne leur convient guère . Bah ! encore ... je vais défaire le travail déjà fait ,  laisser l'or et les scintillements  aux boules de Noël ... Qu'importe .

 

    Finalement , la seule échappatoire , le seul espace , dans lequel cet ego pas très malin accéde à un peu de liberté et d'espace , et un tout petit peu plus d'intelligence en prime , par minuscules instants  ! c'est la demi-heure de méditation du matin  ..  

     

    

3 décembre 2015 4 03 /12 /décembre /2015 16:27

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1955 : Strawberry fields,  en automne

     

 

 

       Bon , vous aussi vous aimez cette chanson et le disque Sergent Pepper's ...   ou non ? ... je viens d'aller regarder sur Wikipédia , je ne savais pas que c'était le nom d'un orphelinat à côté duquel John Lennon allait jouer quand il était petit ; ni qu'il était fasciné , dans son enfance ,  par le jour de la fête annuelle  là bas . Une pensée m'est venue hier matin pendant la méditation , qui m'a fait rigoler et en sortir - la pensée que c'était là mon idéal spirituel . Même pas un champ de fraises , d'ailleurs - pour moi , ça serait des tartes aux fraises ... le Paradis . Sur terre .

      En attendant l'époque des tartes aux fraises , j'ai passé une paresseuse matinée , car je me sentais vraiment fatiguée , avec un petit début de grippe attrapé hier matin en restant trop longtemps , bien plus longtemps que d'habitude ,  à ranger dans la maison de maman . Sylvie était venue m'y rejoindre et je lui ai donné une bonne quantité de marmites et verres inutilisés , elle connait toujours des personnes à qui ça sera utile ; en sortant , j'avais ressenti le froid , avec en plus une petite crise de découragement ... Mais rien de tel pour se remonter qu'une matinée à faire des choses qui vous plaisent : paresser au lit jusqu'à neuf heures avec une bonne tasse de thé brûlant et sucré , ensuite alterner la peinture et les exercices d'écriture sanskrite ... Cet après-midi , sieste sur le canapé  , puis j'ai poussé Baptistounet qui avait pourtant une place de choix sur la couverture , tout contre mes pieds , et j'ai été au jardin ramasser des kakis , des pommes de pins  , et un fagot de branchettes de cédre .  Qui ont fait démarrer le feu avec enthousiasme dans la cheminée  , illuminant ces quatre heures  un peu grises  et crues  , comme on dit en Haute-Savoie  . Mmmmmhhhhhh  ...

 

 

 

 

2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 05:51

Comment dire ? Cet  article  me touche , malgré le fait que ça ne m'est pas toujours très clair , et qu'en outre je n'arrive pas toujours  à trouver le mot français qui correspond à ce que je sens du sens de l'américain . Donc je traduis pour l'instant .. de mon mieux ; remarques bienvenues .

 

How do you let go of drama?

Don’t treat yourself so gingerly; you can let go of stuff. Sometimes it takes three breaths instead of two to do it, but you can do it. Be a little tougher and don’t cling to stuff. People go around carrying everybody’s stuff all of the time. I just pick it up and put it down. Pick it up and put it down. That doesn’t mean I’m not compassionate, it doesn’t mean I don’t love people. But holding onto people’s suffering is not compassionate… for them or for you. That’s what is so bizarre about it.

In order for your consciousness to not be trapped in the stuff of life, it takes some effort, discipline and work with one’s mind.

The earlier you start the better, because the earlier you start, the less you’re going to be trapped in the stuff later on. The daily stuff of what we call suffering. Whether it’s suffering or not depends on where you are inside of your being. And it’s for that reason that a contemplative investment in your life starts to have so much pay off, because it’s very hard to contemplate once you are all toxic.

The more you extricate yourself from the personal dimension of looking at your stuff and instead look at the whole set of systems, the more you are able to appreciate the way in which you are a part of the whole thing and as you not only appreciate it thinking, “oh, yes, I am part of the whole thing,” but, “oh. Look at the whole thing,” and feel the whole thing, then your compassionate action comes out of a place that itself is not toxic. If you are doing compassionate action from down here, while it is wonderful that you are… because this person feels pity for somebody else’s suffering and does something to alleviate it, that’s a good thing to do. However, that makes the other person piteous. And, furthermore, it’s pity as a way of keeping the pain at a distance.

As your consciousness expands to be more embracive, it begins to feel that this person’s suffering is the suffering, is my suffering, it is the nature of suffering.

Out of that comes my heart’s desire to take away the suffering, and it starts to guide my life’s actions. And if there’s a chance to do something about it I’ll do it. If there’s no chance to do it, I’m not going to get freaked because there’s no chance to do it. As you start to operate from this place, you look through a set of glasses at the world which allow you to find ways to relieve the suffering.

-Ram Dass

 

Comment allez vous vous débarrasser du drame ?

 Ne vous traitez pas avec autant de précaution ; vous pouvez laisser tomber des choses . Quelquefois ça prend trois respirations au lieu de deux pour le faire , mais vous pouvez le faire . Soyez un peu plus précis et ne vous accrochez pas à tout ça . Les gens vont et viennent emportant le fardeau de chacun , tout le temps . Moi je le ramasse et je le pose . Ramassez-le et posez le . Ca ne veut pas dire que je n'ai pas de compassion , ça ne veut pas dire que je n'aime pas les gens . Mais porter la souffrance des gens n'est pas avoir de la compassion ..  pour eux ou pour vous . C'est ce qui est si bizarre à ce sujet .

  Pour ne pas laisser votre conscience être emprisonnée dans les tracas de la vie , ça demande un peu d'efforts , de discipline , de travail avec son esprit . ( N.B : j'ai traduit " stuff " par " tracas " , ça n'est pas tout à fait ça , pour l'instant je ne trouve pas mieux ; c'est souvent traduit par " truc " .. . )

 Plus tôt vous commencerez mieux ça vaudra , parce que plus tôt vous commencerez ,moins vous allez être enfermé dans le tracas plus tard . Le tracas quotidien de ce que nous appelons souffrance . Que ça soit de la souffrance ou pas dépend de l'endroit où vous vous situez à l'intérieur de votre être. Et c'est  pour ça que s'investir de façon contemplative dans votre vie débute en ayant tant à payer parce que c'est très difficile de rester dans la contemplation une fois que tous vous êtres empoisonnés .

     Plus vous vous extriquez de la dimension personnelle en regardant vos tracas et regardez ,  au lieu de ça , tout l'imbriquement des différents systèmes , plus vous êtes capables d'apprécier la façon dont vous-même êtes imbriqué dans tout le procesus et , comme non seulement vous l'appréciez en pensant " oh , oui , je fais partie de tout ça " mais , " oh. Regardez tout ça ", et sentez tout ça , alors votre action de compassion vient d'une place qui elle-même n'est pas empoisonnée . Si vous agissez avec compassion depuis cet endroit , alors c'est étonnant ce que vous êtes .. parce que cette personne sent de la pitié pour quelqu'un d'autre et fait quelque chose pour alléger , c'est une bonne chose à faire . De toutes façons , ça rend l'autre personne pitoyable . Et , de plus ,c 'est de la pitié en tant que façon de tenir la douleur à distance .

         Au fur et à mesure que votre conscience s'étend pour devenir plus vaste , on commence à sentir que la souffrance de cette personne est la souffrance , est ma souffrance , c'est la nature de la souffrance .

   A partir de ça vient le désir de mon coeur de se débarrasser de la souffrance et ça commence à guider les actes de ma vie . Et s'il y a une chance de faire quelque chose à ce sujet je le ferai . S'il n'y a aucune chance , je ne vais pas me sentir obsédé parce qu'il n'y a aucune chance de le faire . Si vous commencez à agir depuis cette place , vous regardez  le monde à travers un prisme qui vous permet de trouvez des moyens de soulager la souffrance .

https://www.ramdass.org/how-do-you-let-go-of-drama/

 

 

30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 18:31

 


            J'ai acquis récemment une petite édition d'Epictète , avec un très jolie couverture ( je croyais qu'on n'avait de lui que le Manuel , mais j'y apprends qu'il y a plusieurs livres , concoctés par un de ses disciples ) . Lire ça m'a gentiment réconfortée , comme si j'entendais un ami un peu ironique ,   moi qui pioules et me plains sans arrêt  que je n'ai pas assez de temps - pour peindre , ou jardiner, ou  ...  

 

" Sur le progrès "

 ( p. 12 )  s'il a compris que quiconque désire ou fuit les choses qui ne dépendent pas de lui ne peut être ni loyal ni libre , mais change nécessairement et tourne lui aussi avec ces choses  comme le vent ,et qu'ainsi , nécessairement , il s'est placé lui-même sous la domination des autres ,de ceux qui peuvent procurer ou empêcher tout cela(...) . ceci plutôt vaut la peine : travailler à supprimer de sa vie les lamentations et les gémissements , les " hélas ! " et les " malheureux que je suis" , la mauvaise fortune et les échecs ; apprendre ce qu'est la mort , l'exil ,la prison , la ciguë , afin de pouvoir dire en prison: " Mon cher Criton , si cela plaît aux dieux , qu'il en soit fait ainsi ! et non pas : " Oh ! Malheureux vieillard , c'est donc pour en arriver là que j'ai vu blanchir mes cheveux ! " ...

 

 

           " Du contentement intérieur "

 (p. 18 ) Quel est donc le châtiment de ceux qui ne savent pas se résigner ? C'est d'être précisément ce qu'ils sont . Un tel est mécontent parce qu'il est seul ? Qu'il reste dans son désert ! Est-il mécontent de ses parents ? Qu'il soit mauvais fils et qu'il se lamente ! Est-il mécontent de ses fils ? Qu'il soit mauvais père !

 

 

 

         " A ceux qui recherchent une vie tranquille " 

 

     ( p.96 )  Souviens-toi que ce n'est pas seulement le désir d'une charge et des richesses qui abaisse les hommes et les assujettit à d'autres , mais encore le désir de la tranquillité , du loisir , des voyages , de l'érudition. En un mot , quel que soit l'objet extérieur , l'estimer nous assujettit à autrui. Quelle différence y a t-il donc entre désirer être sénateur et désirer ne pas l'être ? Quelle diffférence entre désirer une charge et désirer n'en pas avoir ? Quelle différence entre dire " Cela va mal pour moi , je ne puis rien faire , je suis rivé à mes livres comme un cadavre" et dire : " Cela va mal pour moi , je n'ai pas le loisir de lire " ? Tout comme salutations et charges se rangent parmi les objets extérieurs et indépendants de nous , également les livres . ou pourquoi veux-tu lire ? Dis-le-moi. Car , si tu as comme fin de te distraire ou d'acquérir quelque connaissance , tu es vain et misérable . Mais si tu rapportes ta lecture au but qu'elle doit avoir , quel autre peut-il  être sinon le bonheur ? Et si la lecture ne te procure pas le bonheur , quelle est son utilité ?

 - Mais elle me le procure , dit l'interlocuteur , et voilà pourquoi je suis mécontent d'en être privé .

- Et quel est ce bonheur que le premier venu peut empêcher , je ne dis pas César ou un ami de César , mais un corbeau , un flûtiste , une fièver , mille autres choses ? Or , rien ne caractérise mieux le bonheur que de n'avoir ni interruption ni entraves .

(...)

    

C'est chez Folio-Sagesses , et ça vaut peanuts .. Mais ceci dit, tout en gardant les conseils d'Epictète en mémoire , je préfère me plaindre de bon coeur ,( tout le monde s'en est rendu compte , c'est pas la peine que tu insistes ! )  plutôt qu'ajouter une couche de censure à mon millefeuille émotionnel ...

 

28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 06:11

 

 

 

 

 

 

 


             Pas encore trop de temps libre pour moi  aujourd'hui , j'avais commencé la peinture il y a quelques jours  ; ce matin ,  il faut continuer à ranger ... et quelques rencontres administratives .  Et cet après-midi  , j'ai eu pitié de ma voisine et je l'emmène , avec moi , aux Journées de la Plante et de l'Arbre à Saint-Jean . J'ai l'intention , depuis le début de l'automne , de planter une deuxième poirier - elle veut mettre d'autres arbres fruitiers pour son jardin.. Elle est assez perturbée en ce moment car ,  à 87 ans , elle conduit toujours , et a renversé un piéton en allant à la Médiathéque du village avant-hier  . Le soleil dans l'oeil ... Ou l'âge . Le piéton n'a rien , son chien est indemne , mais je suppose qu'elle se demande si elle doit conduire encore ; et , à la campagne , la voiture c'est pratique . Certes , elle peut aller faire ses courses à pied ( dix minutes pour aller chez la marchande de produit frais ,  vingt minutes pour aller au marché du village  , un peu plus au supermarché  ... ) car elle marche facilement . Mais ça va être un gros changement ; et des décisions à prendre pour son avenir , j'imagine aussi.

        Et moi  , pour rester avec cet espace de liberté qui est le mien , de toutes façons , à six heures et quart du matin , je  n'ai qu'à aller m'asseoir sur le canapé et à rester , juste , présente en compagnie de la respiration ... et de la petite flamme de la bougie , au pied de la statue de Tara . Je vous souhaite une très belle journée !  

 

 

 

 

 

Chapitre 1952 : Temps libre

 

 

 

 

 

 

27 novembre 2015 5 27 /11 /novembre /2015 07:07

     

 

         Oups .. hier soir , Philippe était vissé sur l'ordinateur , je n'ai pas voulu aller me servir de celui qui est en bas parce qu'il fait froid dans la pièce ; total , vers les quatre heures et demie du matin , j'ai regardé ici une vidéo de Mooji :

 https://www.youtube.com/watch?v=ysb5BHLa-6E

qui propose un exercice de présence .. très bien ,vraiment très bien , et j'avais très fort envie d'adhérer ; mais ça m'a fait rencontrer , au détour du chemin ,  un très vieux malaise ; ( le  sentiment  qui sous-tendait si intensément mon  enfance , si je l'exprimais en mots ce serait : je n'y arrive pas , je suis nulle , tellement médiocre , la pièce rapportée de la famille ... je n'aurais jamais du naître , et je ferais mieux de retourner là d'où je suis partie ) ; rien que du mental , vous voyez bien !  rien que de la pensée qui tourne , rien qu'illusion et fumée ( de même que la contrepartie qui était si rare : je suis géniale* , j'y suis arrivée .. ) mais qui engendre un malaise physique au niveau du plexus , du sternum tout resserré ;  pour l'instant ça perdure . Même après la méditation , même après la douche et la bonne tasse de thé ..

          Mais je sais qu'après l'inévitable passage par la maison de maman pour ranger , je partirai pour le  yoga et ça s'envolera . Et puis , le mental peut , après tout , se consoler en se disant que ce n'est qu'un gardien du seuil à affronter ! Au musée Guimet , au premier étage , il y en avait de splendides  ...

      

 

 * en fait je ne suis jamais en face de pensées du genre " je suis géniale " . Ma maman craignait et réprimait , pour ses filles , la vanité , et complimentait peu ou pas .  Ou alors avec de la sévérité dans sa voix " c'est bien " . Sobre ... ou encore : " Mais oui , tu as fait de ton mieux ! "  qui n'étaient tout aussi inquiétantes , parce qu'elles sous-tendaient des pleurs préalables de l'enfant qui avait conscience d'être une gourde . Mais il peut y avoir en arrière plan des pensées du genre " tout  réussit en ce moment " , non formulées pour ne pas attirer les foudres de mon surmoi , que je dois aussi dépiauter avec attention.  

 

25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 05:18

 

 

 

               Je me suis couchée tôt .. après avoir écouté une vidéo de Mooji dont le titre ( Attachment to " Other people" , l'attachement aux autres ) m'avait attirée . Vidéo dans laquelle j'avais entendu dire , pour la première fois ,  que si l'on dépendait des autres , c'est parce qu'on est identifié à son corps - on voit , on sent , d'autres " personnes " et comme on n'est pas installé dans la conscience de l'Unité , ça perturbe .. il faudra que je la réécoute pour en parler plus clairement .  Et je me réveille vers les quatre heures , le corps confortable , les sentiments bien embrouillés ou mélangés ... repensant à maman , au temps qu'elle a passé , aux pulls qu'elle avait tricotés pour moi , la seule façon dont elle savait  montrer à cette fille qu'elle l'aimait aussi  .. aux reproches amers et destructeurs qu'elle me faisait aussi toute mon adolescence , à partir de mes sept ou huit ans   .. . Je ressentais tout ce méli-mélo .

         Il était quatre heures , et je ne voulais pas ,non plus , être prisonnière des pensées et des sentiments - en Inde , on considère que c'est une bonne heure pour les chercheurs spirituels ; en Occident , je crois que c'est à cette heure que les moines commencent à chanter * ( matines ? laudes ? ) . Je repensais à l'expérience d'éveil la plus intense et la plus longue ( ça a bien duré quelques heures ! ) qui m'était advenue dans l'avion , il y a quelques années ; grâce à la trouille intense que je vivais , en un instant j'avais pris conscience du Vide heureux qui était vraiment moi , au plus profond . Et je me demandais s'il fallait une émotion aussi forte pour revenir à cette conscience ; je me répétais ce que j'avais cru comprendre alors - mais , hélas ,  les mots étaient vides , il n'avaient plus d'echo ..

                Et tout à coup , une autre formule m'advient : celle que Bach écrivait à la fin de nombre de ses compositions : S.D.G , l'abréviation de Soli Deo Gloria .** Dont j'ai toujours compris le sens par  " Seule la Gloire de Dieu est le véritable auteur de l'oeuvre .. " . L'article m'en ouvre une autre , d'ailleurs .  Et là , ça fonctionne , je reviens à la conscience que ce peloton de contradictions , cette bouillie d'émotions et de pensées que je prends pour moi , en fait c'est Dieu ( ou l'Univers , ou la Shakti , ou MachinChose , ou la Vacuité .. ) qu'a fabriqué tout le paquet . Un genre de théâtre  ,quand Dieu a envie de se distraire ... Sachant que tout n'est que Lui .  

            Et alors ? me direz vous .

           Alors .. Alors ,  ça ajoute une bonne louche d'eau claire dans la soupe d'amertume  .. un nuage de liberté et de douceur dans la lourdeur et la souffrance de ma tasse de thé du moment  .. et  alors : je me retrouve les larmes aux yeux , sans trop savoir pourquoi ; mais c'est léger . Alors : je me sens soutenue . Alors ,  le Vide guide mes mains  . Pas de réalité dans les émotions , dans les pensées , dans le texte qui s'écrit , dans le clavier usé de l'ordinateur ... tout en faisant de mon mieux . C'est le Jeu.

 

 

 

 

*   Pour mener une vie exemplaire, les frères se levaient tôt. « Saint Bernard a fait l’éloge des heures de vigile, pleine de fraîcheur et de tranquillité, où la prière pure et libre s’élance avec allégresse vers le Ciel, où l’esprit est lucide, où règne un silence plus parfait que tous ceux qui suivront ». Les heures permettent aux religieux de prier pour le monde en essayant d’approcher de la prière perpétuelle. Cependant, comme les plus humbles, ils doivent s’adapter à la lumière du jour.(  https://fr.wikipedia.org/wiki/Heures_canoniales)

** voir , par exemple , https://gradhiva.revues.org/1837#tocto1n3

       

 

 

24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 16:17

              

          Il fait vraiment froid , et gris cet après-midi .. Quelle sensation merveilleuse : j'ai tout mon temps ! J'ai commencé une nouvelle peinture hier , mais , comme souvent maintenant , je n'arrive à y travailler que lentement , en faisant des pauses ; je peins un peu , puis je vais sur l'ordi .  J'ai également un grand plaisir à taper un texte " familial" assez long - plaisir d'autant plus grand que ça n'est pas moi qui l'ai écrit !  ;  quoi d'autre , ce matin j'ai pu transmettre une séance de yoga à Hélène - à notre mutuelle satisfaction , je crois ; quoi encore , j'ai repris le sanskrit -, et , comme je n'avais jamais lu la Bhagavad Gîta , que j'en ai une édition bilingue sanskrit-anglais et  que je ne doute de rien , j'ai entamé de la recopier ,  verset par verset .. Faut dire , le mantra dont je vous parlais , qui m'enchante et dont parle si bien Ram Dass  ( cf chapitre 1942) , vient de la Bhagavad Gîta .

      J'en ai trouvé sur la Toile , parmi plusieurs autres , une psalmodie très jolie ; par contre , avec une traduction alambiquée , à la mords-moi-le-noeud , une abomination ,  je me demande bien d'où ça vient ... je vous mets le lien , c'est vraiment joli à écouter en sanskrit  , ça ne dure même pas une minute :

 

http://www.bhagavad-gita.org/Gita/verse-04-24.html

 

 

 

22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 06:42

 

            J'ai du commencer cette peinture vers le 11 Novembre - j'avais , à ce moment là , l'impression que quelque chose d'inexorable , de lourd  ,  d'implacable , emportait , avec lenteur ,  maman ,   vers une région obscure et angoissante  . Région que j'ai située à gauche de la feuille : pour moi , la gauche de la feuille est  l'endroit d'où tout part ( j'ai eu assez de difficulté ,parait-il , à apprendre quand j'étais petite qu'on écrivait de gauche à droite et pas l'inverse )  . Je voulais compléter le titre , je pensais au Royaume des Morts chez les Grecs - Hadés , ou les Enfers ; mais dans notre civilisation imprégnée de christianisme , le mot " Enfers " a tant d'autres significations .. Il n'empêche , les couleurs du tableau , pas très gaies , reflètent bien ce que je ressentais à ce moment là . Une fois , en Grèce , j'ai vu le lieu traditionnellement considéré comme l'entrée de ce royaume ; c'était un endroit un peu marécageux , dans la campagne , avec des petits buissons ronds dans mon souvenir .   En tout cas absolument rien de dramatique .         

              Maman , à qui j'ai mis pour la circonstance une tête de souris *, porte , avec dignité , une de ces robes-tabliers de mémé , comme elle avait toujours à la maison quand j'étais petite .  

          

 

    

Chapitre 1948 : le dernier portrait de maman

 

 

* je sais ça fait bizarre à écrire ; et , même si je me sens particulièrement morne et déprimée ce matin ** ( joyeuses perspectives : ce matin ,  mettre tous les vêtements  qui restent dans des cartons pour le Secours Populaire ;  puis , demain , m'attaquer enfin , avec sérieux à toutes les déclarations , paperasses , avis , formalités ,  chéques  .. la concernant ) , j'ai rigolé tant ma phrase était agréablement biscornue .

**  ceci , aussi , passera ( revoyez la vidéo de Mooji que j'ai proposée au chapitre 1940 du 15 Novembre ! )

21 novembre 2015 6 21 /11 /novembre /2015 06:40

       

          Le livre de photos concernant maman réalisé par ma nièce  , dont je vous parlais Mercredi dernier , m'est précieux . Hier soir , j'étais de nouveau envahie par la mélancolie , l'attachement total et désespéré à la maman mélancolique que j'ai connue .

          La photo  de ma mère il y a trente ans  , éclatant de gaîté au milieu de cette branche particulière de neveux ,  dans ces circonstances particulières , dans le "petit car" conduit par mon beau-frère  disparu  il y a bien des années , me rappelle encore et encore que je n'étais attachée qu'à une facette de ma maman : la seule facette où elle ne  me niait pas , acceptait ( faute de mieux ! dirait Philippe ) l'enfant que j'étais . Une facette autre .. J'étais attachée , non pas à maman , mais au sourire mélancolique  qu'elle m'adressait , au regard qui me rencontrait à ce moment là - enfin ! un regard de ma mère qui n'était ni rancunier , ni indifférent  .

       C'était ça ton amour Françoise ? Tu aimais cette facette en particulier . Tu n'aimais pas les autres ... ( sans doute parce qu'il n'y avait aucune place pour toi dans cette gaîté-là  )  . Et tiens donc , quand tu as vu pour la première fois une photo de Ramana Maharshi dans la grande salle de Font d'Izière ( l'ashram d'Arnaud Desjardins  à l'époque ) et que tu t'es mise à l'aimer d'un coup - c'était presque la même expression , indépendamment des traits du visage ... Enfin quelqu'un qui me regarde avec compassion . A quoi suis-je attachée , à une personne ou à la qualité , indépendante de la personne , qu'elle manifeste ?

        Alors .. Je ne sais pas très bien où j'en suis , tout tourbillonne dans ma tête ; je ne suis aps dans la tristesse en tout cas .  C'est toujours heureux , même si ça secoue : voilà une illusion qui tombe ; grâce à une photo.  

 

 

 

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