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2 juin 2020 2 02 /06 /juin /2020 08:16

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            Ce matin , je me suis réveillée , à six heures , comme d'habitude - mais il faisait gris et pleuvotait , ce qui ne me donnait pas envie d'aller au jardin , comme je fais d'habitude aussi - et du coup , je ne me suis pas retrouvée , à dix heures du matin , encore en pyjama , le sécateur à la main et ne sachant pas comment la matinée est passée . Pas envie de faire du yoga ou de méditer tout de suite non plus ; pas de lessive à étendre dehors  ;  et pas envie de repasser non plus ... J'en suis arrivée à la conclusion que ce qui me serait vraiment salutaire , serait ,pour ce matin , d'abandonner Alexandra , de me faire un thé aux épices et au lait bien sucré ( ouh là ! ) , de prendre un volume de Sue Grafton et de me recoucher .

            Dont acte . Eh bien , là , il est plus de huit heures et demie , et je peux vous dire à quel point ces deux petites heures à bouquiner un de mes auteurs de polars préférés ont été bénéfiques ( le volume en question est K comme Killer ; c'est , bien entendu , une relecture ,mais je ne me souviens plus du tout de qui est l'assassin ... ) . Je me suis même autorisé un délicieux biscuit danois au beurre , trempé dans le thé . Mmmhhhhhhh ! 

          Faut dire qu'hier matin , j'avais pris mon courage à deux mains pour la tournée au Supermarché - à Liddl , pour changer .  L'épreuve a été beaucoup moins abominable cette fois-ci , il n'y avait que fort peu de monde et j'ai pu faire tranquillement  nos courses et celles de la voisine . Dans mon soulagement ,  j'ai craqué , non seulement sur un pyjama d'été particulièrement charmant dont je n'ai pas vraiment besoin bien sur -  sans même regarder où il avait été fait ( faut dire , les lunettes et le masque ,c 'est tout de même chiant ) mais sur des yaourts grecs " élaborés " en Grèce  ( ça veut dire quoi , ils ont été faits en Allemagne ,  avec le lait de ces ignobles fermes-usine  à dix mille vaches contre lesquelles je n'arrête pas de signer des pétitions ? ah , mais non , les yaourts grecs c'est des brebis -  mais comme dit Philippe c'est pas ça qui va gêner les habiles concepteurs de ce genre de " fermes " ... ) , et j'ai craqué , également , sur  un paquet de ces irrésistibles biscuits danois pleins de beurre ...  les fermes-usines  à dix mille vaches , je ne peux pas croire que ça n'a pas enthousiasmé les danois aussi , non ? 

          Et quand à l'après-midi ... après une petite mise en train , paillage et protection des plants de courgette , et un autre semis de coriandre car le premier n'arrive pas à lever ...  je me suis mise à faire quelque chose que je déteste : enlever les roses fanées des rosiers grimpants . Ceux  qui poussent contre la maison sont particulièrement casse-pieds , parce que rien que d'arriver à placer l'escabeau , à peu près équilibré ,  est difficile . Et pourquoi ?  parce que j'ai , connement , planté il y a quinze ans d'autres rosiers , non grimpants ,  mais extrêmement vigoureux - certains  arrivent maintenant à presque deux mètres de haut , juste devant ces rosiers grimpants ... et qu'il y a donc très peu de place pour travailler . Avec la joyeuse perspective  , au cas où l'escabeau ne serait pas tout à fait en équilibre , de  me casser la figure dans ces accueillants rosiers pleins d'épines . Quand ils sont tous en fleurs , c 'est vraiment , vraiment très joli  ... mais , pour les entretenir , qu'est-ce que c'est chiant . Et pour couronner le tout , j'ai pulvérisé ce nouveau mélange d'huiles essentielles , afin de lutter contre la maladie des taches noires , dont les premières attaques se font sentir ... Bref , j'ai terminé tard hier soir  ,  j'ai du prendre une douche , tant j'étais crade et dégoulinante  , avant de me mettre à manger ... et j'ai raté les infos d'Arte , que j'essaie de regarder le soir pour me tenir au courant , mais  Philippe m'a dit que Trump n'avait pas encore lâché de bombe atomique  pour se passer les nerfs , ni sur la Chine , ni sur Minneapolis .

         Mais , bon ... la petite pluie s'est levée , le soleil arrive mais il ne fait pas trop chaud , il est à peine neuf heures , et me voilà réconfortée ...   prête à me mettre au yoga du matin !

 

 

  

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je n'ai pas de photo des rosiers grimpants - forcément , sont défleuris ! à la place , ces merveilleuses roses anglaises ( je crois que c'était Golden Cup , autrefois commercialisées par Meilland , mais maintenant on ne doit plus les trouver que chez David Austin ) qui résistent à notre climat si dur l'été - mais elles sont arrosées régulièrement , car proches du potager ...

je n'ai pas de photo des rosiers grimpants - forcément , sont défleuris ! à la place , ces merveilleuses roses anglaises ( je crois que c'était Golden Cup , autrefois commercialisées par Meilland , mais maintenant on ne doit plus les trouver que chez David Austin ) qui résistent à notre climat si dur l'été - mais elles sont arrosées régulièrement , car proches du potager ...

1 juin 2020 1 01 /06 /juin /2020 12:37

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Je suis toujours en train de lire A.D.N ; j'ai pu me procurer ,  d'occasion ,  " A l'Ouest barbare de la vaste Chine ", qui n'est pas uniquement un livre de voyage , plutôt un essai - mais est tout de même nourri d'anecdotes passionnantes ... C'est un ouvrage édité en 1947 , après le deuxième voyage d'Alexandra ( à peine avait-elle mis le pied en Chine , en 1937 , que la guerre sino-japonaise a commencé , et elle s'était réfugiée , bien sur , dans les montagnes à la limite du Sze Chouan ... à Tatsienlou , notamment - il s'est donc trouvé qu'elle a passé toute la durée de la deuxième guerre mondiale en Asie , tout comme pour la première !  En tout cas , elle évoque beaucoup ,  dans ce volume , son précédent séjour  dans la province du Ching Hai ,  le grand désert d'herbe , au Nord Est de Lhassa  . Ce nom seul me fait rêver ... ( en fait le format de l'aquarelle est plus carré que ça , mais la photo est meilleure quand je scanne ... )

 

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Chapitre 2646 : le gué
31 mai 2020 7 31 /05 /mai /2020 07:34

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          Peu d'énergie pour écrire , ou peindre ,  ces temps-ci ... Avec le déconfinement , je me suis sentie un peu obligée de donner du temps à  des amies souffrantes ; comme j'y allais plutôt à reculons ( le surmoi qui tire dans un sens , drapé dans son sens moral vertueux ;  tout le reste qui freine des quatre fers et voudrait tellement rester confinée ... ) , je me suis sentie épuisée - ce genre de conflit sous-jacent fatigue toujours , en douce ! et la plupart du temps , quand je me sens fatiguée , quand on se sent fatiguée , c'est de la tristesse  , de la déprime , ou  un conflit intérieur  qui n'ose pas dire son nom ... 

          Enfin ,  mon  jardin bien-aimé a pris tout le temps qui restait de libre . Hier soir , par contre  , c'était mon corps qui était fatigué et courbatu - une bonne séance de yoga le matin ,  étirant les articulations des hanches ;  puis arracher tous les pois gourmands , car ils ont cessé de fleurir , se dessèchent et deviennent jaunes ; défaire les grillages qui leur servaient de tuteur , les enrouler , les ranger ;  nettoyer les  mauvaises herbes sur la rangée laissée vide  ,   biner ,  répandre du fumier de mouton desséché  -  la semaine prochaine , je me réjouis de penser que j'y mettrai  les prochains petits plants de courgette , qui attendent sagement dans leurs petits pots de trouver leur place en pleine terre . Puis ,  des arrosoirs à trimballer d'un bout à l'autre du jardin pour entretenir les plantations de l'automne , en cette période , normale , de sécheresse ; je n'arrose que la première année , ensuite , elles devront se débrouiller toute seules . Mais j'ai mis des épaisseurs de broyat de branchettes , sèches et vertes , pour les emmitoufler et les protéger contre les rigueurs de l'été ... Et encore , j'avais oublié ! avant le yoga , avant le lever du soleil , vaporiser contre l'oïdium - je teste maintenant la recette , très écologique , du jardinier de l'Abbaye de Valsaintes , qu'on m'avait recommandé : une dilution d'huiles essentielles . Je n'avais pas de sarriette , sauf dans un mélange que je m'étais fait en prévention de la tourista quand je partais en Inde ; et là bas , je ne l'ai pas utilisé , n'ayant pas été malade . Vive la bonne nourriture de rue , les samousas et les fritures à dix roupies la portion !  J'ai donc mis , à la place de la sarriette recommandée , de l'essence de Tea-Tree que j'ai toujours , en prévention des mycoses sur les pieds . On va voir ce que les rosiers en pensent , de ce bon mélange ... En tout cas , le jardin sent maintenant le tea-tree et la sarriette ...

       Mais ,  tant de merveilles ... le rosier Prince Courtois est splendide cette année .  ( ceci dit ,  je ne suis , finalement , pas enthousiaste des rosiers André Eve, souvent  trop délicats pour ma façon de jardiner . Je resterai , définitivement ,  fidèle à Meilland ... ) .  Puis , le petit papillon  dans la touffe de thym citron : il se posait sur une fleur , battait lentement des ailes , tout en se régalant ... changeait de fleur -  les ailes recommencaient à s'ouvrir et se fermer , lentement , délicatement   -  de l'extase pure ... j'ai fini par connaître son nom , il s'appelle " Mélitée orangée " . Quel joli nom ! je crois que je vais en mettre partout , du thym citron , pour le plaisir de l'accueillir ...  d'ailleurs , c'est bon , en tisane ...

 

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Chapitre 2645 : Bienvenue à la Mélitée orangée
Chapitre 2645 : Bienvenue à la Mélitée orangée
Chapitre 2645 : Bienvenue à la Mélitée orangée
25 mai 2020 1 25 /05 /mai /2020 17:46

 

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       Je cherchais un poème chinois sur l'ivresse -  c'est drôle ,  les maîtres spirituels taoïstes ne rejetaient pas du tout l'ivresse apportée par l'alcool  , à la différence des yogis et des bouddhistes ; et encore , Deshimaru était plus ou moins alcoolique , je crois ;  et , si je me souviens bien , Chögyam Trungpa s'est retrouvé une fois , bourré comme un coing , au volant de sa bagnole échouée dans le fossé d'une petite route écossaise , pas très loin du monastère  qu'il avait lui-même fondé  ... les Tibétains apprécient la bière . ( j'imagine le paysage brumeux ,  la tourbe dans laquelle on enfonce jusqu'à la cheville  dés qu'on sort de la voiture  , les moutons qui s'étonnent ... ) - bref ,  j'ai trouvé celui-ci ( dans le Tao Poétique , vrais poèmes du vide parfait , ed.  Moundarren encore et toujours )

 

                    

Chapitre 2644 : deux poèmes de l'époque Tang

 

 

 .... et puis , comme je ne peux m'empêcher , quand j'ouvre un de ces bouquins , d'en lire plusieurs pages , tant c'est une merveille ... je vous quitte pour ce soir avec un autre poème , du même Li Shang Yin ( 813-858 )  , donc en pleine dynastie Tang ... Vous pouvez relire tous les Juge Ti , pour vous remettre dans le bain  de cette époque  . Mais moi , pour le moment , je m'en tiens à Alexandra - qui , elle , ne buvait pas , mais alors pas une goutte . Quand à moi , je ne bois pas de vin très souvent .. mais , tout de même ... quelquefois , bien .

 

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Chapitre 2644 : deux poèmes de l'époque Tang
24 mai 2020 7 24 /05 /mai /2020 21:47

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          Le temps qui court est propice à la floraison , qui réjouit l’œil ,   des pommes de terre et des tomates .Il  semble , moins agréablement ,  que ça soit aussi celle des petits chefs et abus d'autorité en tous genres , et ça me laisse une impression bien désagréable .  

           L'autre jour , je me suis disputée vivement avec l'un d'eux , un vigile engagé par la Poste pour surveiller l'interminable file d'attente avant d'atteindre le Bureau , parce que , sous prétexte qu'il portait un masque ( dont il faisait  avantageusement claqueter du doigt  l'élastique , comme un gigolo aurait fait claqueter l'élastique de son slip de bain ) il  ne respectait aucunement la distance minimum qui le séparait de moi : du haut de son mètre quatre-vingt et quelques , il passait négligemment  son bras par dessus ma tête  , sans s'excuser le moins du monde ,  pour saisir une paperasse en haut de l'étagère vissée contre le mur . Faut dire que les quarante minutes d'attente en plein cagnard devant le Bureau m'avaient un tantinet agacée ...   La Poste  a fermé l'un des deux bureaux au moment du confinement , celui qui est le plus proche de notre maison , et ne l'a pas rouvert depuis ; une affichette dit seulement qu'il y a du personnel  malade   . Plutôt que de remplacer ledit personnel , on a engagé un vigile  pour veiller sur la discipline dans la  file d'attente  .  Il y aurait un foyer de coronavirus au village ? il me semble pourtant que ça se saurait ... 

        Bon ,  dans mon cas , c'était pas trop grave  . Or , je viens de regarder la vidéo  , tout à fait choquante , de l'arrestation d'une très jeune femme ; sur un petit marché, à  Aubenas . Quelqu'un a filmé la  scène ...  C'est une petite jeune femme ,   en tenue d'été décontractée , short et ti-shirt orange ... Elle  proteste ,  verbalement , vivement ,  contre , parait-il , l'arrestation par les flics de quelqu'un qui ne porte pas de masque ( par arrêté municipal , le port du masque était obligatoire sur ce marché ce jour là  ) . Le flic , un costaud à cheveux gris , deux fois plus grand  qu'elle  ,   en a marre tout à coup de l'entendre - il  la pousse soudain  en arrière , d'une bourrade ; puis d'une deuxième au niveau du sternum  . Elle recule d'un bond , mais continue à protester , à argumenter - il la suit ,  la pousse à nouveau ...  elle proteste encore , puis ,  pour se défendre  , essaie de repousser le flic  ... du coup , voilà deux autres flics  , tous deux aussi grands et costauds que le premier  ,  comme alléchés par l'incident , qui la poursuivent , entre les parasols des petits marchands de primeurs et de produits du pays , veulent se saisir d'elle . Elle se débat, se laisse tomber à terre - ils la saisissent , lui tordant les bras ,  elle se débat encore , etc ... Un quatrième flic vient en renfort -  lui n'a pas de masque , d'ailleurs ! lui , ou un autre ,  la saisit par la tête - elle , paniquée , appelle à l'aide les spectateurs et clients du marché  , gigote , essaie de se débattre ... Certaines personnes l'aident activement , d'autres protestent seulement ... Les quolibets pleuvent  .  Un cinquième flic arrive - splendide , celui-là  un vrai charolais , un quintal au bas mot , le bidon  prêt à faire exploser  son gilet marqué POLICE ; faut bien toute cette masse pour résister contre le mètre soixante de la gamine  ;  le flic sans masque s'éloigne discrètement  ...  à eux tous , ils arrivent à emporter la récalcitrante  dans la voiture de flics ... Tiens , moi je croyais , innocemment ,qu'avant d'embarquer quelqu'un manu militari  , il fallait que l'autorité lui demande ses papiers . On dirait que ça n'est plus d'actualité .

          Il parait que l'un des flics a maintenant deux jours d'arrêt de travail : parce que la petite l'aurait mordu ( on la  voit se débattre dans la voiture ). On entend un homme crier aux flics " Sous Vichy , vous auriez été bien ! " . Je ne suis pas loin de le croire .

 

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 01:09

 

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          C'est drôle , j'avais commencé ce dessin hier , et pensais à lui mettre un titre du genre " voyageurs pour l'éternité " , quelque chose comme ça ... parce que j'avais l'impression que ces voyageurs ne trouvaient pas l'endroit où poser leur printemps . Puis ce matin , après avoir médité ( et baclé ma séance de yoga , d'ailleurs , c'est pas grave , j'ai suffisamment gigoté hier , d'une part en nettoyant le passage vers le verger des voisins et ses grands cerisiers , puis , ensuite , sur l'escabeau pour couper les roses fanées du grand rosier grimpant orange )  , j'ai fait , aussi , un équilibrage par les couleurs des chakras ; et ce titre est venu , exprimant une  confiance totale  . Ou , dit en d'autres mots , que la peur de l'avenir s'en était complétement allée . Quelle paix !

 

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Chapitre 2642 : Il sait où il va
17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 01:09

 

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       En fouinant pour trouver des photos d'Alexandra  ... je trouve ce chouette documentaire . Vraiment intéressant ! et à plusieurs niveaux  ,car c'est très bien filmé , et ça permet de voir un peu les paysages au milieu desquels Alexandra a séjourné . Y compris son ermitage , et c'est un moment vraiment émouvant .

   Après l'avoir regardé , j'ai continué ma re-lecture du moment  ( Mystiques et magiciens du Tibet ) . Et je rencontre ( p.53 )  l'évocation ci-dessous . Magnifique - quelle souffrance ça a du être pour elle , qui aimait tant ce pays , d'en être éloignée . Elle avait beau trouver, au début de son installation  ,  que les Alpes , du côté de Digne , ressemblaient au Tibet par certains côtés - et je peux comprendre ça , car il se trouve que j'ai baladé un peu , autrefois , dans certaines vallées sauvages de ces Alpes ... - ça a du être vraiment difficile . Surtout quand ses deux amis les plus proches sont partis définitivement  - d'abord son mari , en 1941 si je me souviens bien , puis le lama Yongden , son fils adoptif ,en 1955 . Marie-Madeleine Peyronnet n'est entrée dans sa vie qu'un peu plus tard , en 1959 ...

 

       Nous montions toujours , côtoyant des glaciers gigantesques , entrevoyant l'entrée de vallées mystérieuses qu'emplissaient d'énormes nuées et tout à coup , comme nous émergions des brumes , sans transition , le plateau tibétain m'apparut immense , nu et rayonnant sous le ciel lumineux de l'Asie Centrale .

       J'ai parcouru , depuis , la contrée s'étendant derrière les monts lointains qui , ce jour là , limitaient mon horizon . J'ai vu Lhassa , Jigatzé , le désert d'herbe avec ses lacs grands comme des mers , Kham , le pays des brigands-chevaliers et des magiciens , les forêts inexplorées de Po et les vallées enchanteresses de Tsarong où murissent les grenades , mais rien n'a pu amoindrir dans ma mémoire le souvenir de ce premier coup d’œil jeté sur le Tibet .

 

 

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 07:09

   

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        L'autre jour regardant une émission télé , je ne sais si c'était à la Grande Librairie ou ailleurs - l'un avait relu Les Misérables , l'autre Les Trois Mousquetaires ; ailleurs ,  un philosophe vraiment très beau ,  avec une splendide tête de jeune loup parisien , avait relu ( dans sa résidence secondaire de l'ïle de Ré , j'imagine , je peux être très langue de pute quelquefois , mais faut dire en ce moment toutes les émissions raclent leurs fonds de tiroir pour exhiber des philosophes ) Thoreau . Ce splendide jeune homme manifestait d'ailleurs un genre de triomphe  personnel en constatant que Thoreau , à la fin de son  Journal , abandonne sa cabane pour ne pas entrer dans la routine . J'ai pensé tout d'abord qu'il triomphait parce que ça justifiait pleinement , à ses propres yeux et surtout aux yeux de son entourage habituel ,  le retour à la vie parisienne et à ses mondanités ; mais il triomphait peut-être aussi parce qu'il se souvenait de tout le dédain manifesté par Thoreau pour les gens ordinaires qui ont perpétuellement besoin de nouveauté . Quand au fait qu'on ait besoin de nouveauté en habitant dans la nature , qui change tout le temps , ça me sidère ... Ceci dit , je n'étais pas arrivée jusqu'au bout du Journal , je l'avais laissé en route . Mais ça me motive pour le reprendre ... Une fois que j'aurai épuisé les joies de la relecture d' Alexandra David-Néel , bien sur .

        Bien entendu , je n'ai pu m'arrêter à la fin de sa Correspondance avec son mari - qui lui tenait lieu , ainsi qu'elle l'a maintes fois dit ,  de journal de voyage . J'ai donc continué sur le récit de son séjour au Népal ( elle n'a aimé , à l'époque ,  ni le Népal , ni ses habitants ) , puis , me suis délectée de son voyage au pays d'Amdo ( depuis le splendide monastère de Kum Bum , passant par  une partie du Szetchuan , du Kansou ... ) , intitulé " Au pays des brigands gentilshommes " . Titre accrocheur s'il en fut ,  fallait bien appâter le lecteur français . Je n'avais plus relu tout ces récits depuis une bonne douzaine d'années ... Quel régal . Plaisir du livre de voyage , parsemé de joyaux de sagesse ...

         Là , elle est arrivée à un monastère nommé Dzogtchen Gompa , quelque part au Nord-Est de Lhassa ( et ce n'est pas cette année là qu'elle a pu , enfin , atteindre la ville sacrée  ) .  Voyage éprouvant , parce qu'elle est en plein au milieu des inondations notamment , et  en outre des luttes sanglantes , guérillas  entre divers  pouvoirs Tibétain  et Chinois .  Elle parle avec des lamas dont l'un fait une retraite , ce qui ne l'empêche pas , apparemment , de recevoir des visites ; elle semble attaquer la discussion sur un plan très intellectuel ( mais bien sur , c'est juste une impression que j'ai eue en lisant le début de la discussion , p.326 de mon édition , de poche ) ; mais ses interlocuteurs vont l'aider à descendre d'un cran ...

 

         Un autre des religieux changea de sujet , revenant à ce que j'avais dit au commencement de notre conversation

- " Si la vie d'ermite vous parait dispenser une telle béatitude , " dit-il , " n'allez pas plus loin . Nous vous trouverons facilement un ermitage dans les environs . "

    Je pensais au dépeune* de Dergé . Il ne me laisserait pas m'établir sur ce sol interdit , mais je ne voulais pas aborder cette question avec les lamas .

-  " Des raisons m'en empêchent , Kouchog " répondis-je simplement .

- " Des raisons ..." répéta le lama .

   Alors , sous l'influence des idées qui venaient d'être émises , ou par la force occulte des pensées qui avaient été nourries dans cette chambre par les reclus qui s'y étaient adonnés à de longues contemplations , subitement , je sentis , je vis tous mes raisonnements , toutes mes conceptions  s'effilocher comme des guenilles secouées par le vent , se dissoudre , s'anéantir . Rien de ce qui me paraissait comme des obstacles solides n'existait  : le dépeune de Dergé , mes domestiques , mes mules , mes bagages  , ma propre personne étaient " des images vues en rêve" .

    Cela dura , sans doute, moins d'une minute .

  - " Ici ou ailleurs , Kouchog, " dis-je , " j'espère être capable de retrouver un ermitage ."

 - " Je vous le souhaite" dit un des religieux .

-   " Il le faudra " déclara un autre .

 

 

[   dépeune : il s'agit , si j'ai bien compris , d'une autorité à la fois administrative et militaire tibétaine  : un général commandant la région .]

 

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Chapitre 2640 : en relisant Alexandra
11 mai 2020 1 11 /05 /mai /2020 22:52

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             Il m'arrive de regarder une émission de débat à la télé , et si je suis d'humeur  tonique , je ne me gêne pas pour insulter les participants , ou les animateurs , distribuant les qualificatifs vulgaires avec impartialité ... Or , pour la première fois depuis que je regarde " 28 minutes " , j'ai insulté Elizabeth Quin , que j'apprécie beaucoup d'ordinaire . Voilà qu'un de ses commentateurs habitués , un de ceux qui sont censés raconter une anecdote sur un mode léger en fin d'émission , pour qu'on ne fonce pas se suicider tout de suite après avoir écouté , ce gars ,  se met à parler , sur un mode humoristique , du " syndrome de la cabane" , infirmité dont seraient atteints les confinés qui n'ont aucune envie de quitter leur situation de confinement . Et voilà qu'Elizabeth , que j'ai donc traitée vigoureusement de connasse pour l'occasion , arbore un sourire complice et  entendu ... C'est sur , les gens qui n'ont pas envie de revenir à la " normale " devraient se faire soigner . Anormaux !  Or , c'est justement mon cas ... Quelques images de l'activité qui reprend  à Paris , dans les magasins , sur le périph ... quelques heures passées au Supermarché ce matin , cherchant vainement les boites de pâtée pour chien ... quelques paquets de voitures qui se remettent à circuler à toute vitesse , agglutinées  sur notre petite route ...  et je suis déjà horripilée , horrifiée , aussi bien qu'épouvantée . Mais  c'était ça , oui , je m'en souviens , c'était la vie considérée comme " normale " jusqu'à maintenant ... Mais où est la folie , là ?  Vous me dites que c'est moi qui suis atteinte de " troubles psychologiques " ...   Après ce mois et demi de désintoxication salutaire  , est-il possible qu'on en revienne à cette imbécillité consumériste et stakhanoviste  - comme si de rien n'était ?

 

 

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Chapitre 2639 : syndrôme de la cabane
9 mai 2020 6 09 /05 /mai /2020 10:34

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         Il y a trente-cinq ans , terrorisée par la perspective de mourir avant d'avoir vécu ma vie , et mettant tout mon mental en grand travaux et chantiers pendant plusieurs années ,  j'avais pris l'habitude de faire , au moins une fois par jour , des visualisations positives ... C'était il y a longtemps . J'avais du apprendre à enregistrer des cassettes ...  je me souviens qu'au début , en écoutant ma propre voix , je la haïssais . Il avait fallu comprendre , puis dépasser toute  cette haine de soi -  qui ne se limitait pas au niveau vocal .

       Maintenant , je guide quelquefois des relaxations , ou des méditations ; j'en fais , quotidiennement ; mais il est plus que rare que j'en écoute . Or , en ces temps de confinement , j'ai reçu des cadeaux :  plein de relaxations , ou méditations , enregistrées , venues notamment  de deux profs de yoga  que je connais  . Ces deux femmes sont toutes les deux géniales , et tellement différentes l'une de l'autre  ...  L'une suit la voie du bouddhisme tibétain ; l'autre  , je crois , celle du Védanta . Elles ont des origines vraiment différentes  , également , ça s'entend dans leurs voix ...

       Et donc , exceptionnellement , depuis trois semaines , je me laisse guider par des enregistrements de relaxation . Et c'est fabuleux ... je me sens comme prise en charge ... J'avais perdu l'habitude ! Du coup , l'aspect martial de moi-même  , hérité de l'éducation plus que tonique ( en fait , impitoyable ! ) dispensée par ma mère , aspect que je m'apporte d'ordinaire , quand je me mets seule à méditer ou à chanter le matin , disparait , au profit d'une douceur inhabituelle . Douceur que j'apportais pourtant , semble-t-il , aux personnes que j'accompagnais , lorsque je guidais une relaxation pour quelqu'un d'autre . Douceur  que maman , lorsqu'elle m'éduquait ,  aurait sans doute qualifiée de honteuse mollesse , de paresse à expurger  .  Paresse , auto-indulgence coupable ?   ou bienveillance vis à vis de soi-même , qui ne s'oppose pas à  la bienveillance à l'égard des autres êtres  ? Bah , on verra bien ...

 

 

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Chapitre 2638 : relaxations